Les États-Unis sont décidément une « terre de contrastes » comme ils disent dans les documentaires… Lorsqu’ils ne versent pas dans l’auto-glorification bien pensante, ils savent faire preuve d’une autodérision dont seule la culture anglo-saxonne semble avoir le savoir-faire. Spécialistes du sitcom dit « intelligent », les ricains savent aussi nous concocter de dévastateurs cartoons « adult-oriented ». Évidemment, les Simpsons, toujours actifs et mordants après un nombre incalculable de saisons, et Beavis & Butthead, les crétins de MTV, tenaient le haut de la rampe… Jusqu’à South Park ! Sur le Net, cette folie se traduit par une pléthore de sites Web persos en tous genres. Forcément, un tri drastique s’impose.


Créé par Trey Parker et Matt Stone, South Park se démarque par son graphisme « papivole » limite infantile, contrebalancé par un langage pipi-caca et des situations franchement scabreuses. Située dans une ville de bouseux du Colorado, la série met en scène quatre gosses -Stan, le chef de la bande qui vomit quand la fille dont il est amoureux lui parle, Kyle, le gamin juif qui prend son petit frère pour un ballon de foot, Cartman, le gros prétentieux et Kenny, pauvre type incompréhensible qui périt de façon atroce à chaque épisode, d’où la phrase culte « Oh my God, they killed Kenny »- et leurs mésaventures délirantes. Le succès aux States dépasse toute compréhension…

Comme n’importe quel objet « culte », l’incroyable succès de South Park a des répercussions sur le grand réseau mondial. Parangon de contre-culture –South Park se gausse d’à peu près tout ce qui est « sacré » aux États-Unis : enfants, animaux, ovnimania…-, la série d’animation fait l’unanimité chez ceux que le « politiquement correct » bon teint agace. Mais sa représentation sur la toile verse paradoxalement dans le consumérisme le plus total. Loin d’utiliser toutes les possibilités décapantes de South Park, le cyber-fan se conduit généralement comme n’importe quel adorateur de boy’s band… Les différents personnages sont décortiqués, « psychanalysés » et subissent les outrages habituels de l’environnement informatique -remodélisation 3D ou customisation de bureau…

A tout seigneur, tout honneur, c’est au site officiel, Comedy Central, que revient la palme de l’exploitation merchandising de la série… Honnêtement, c’est de loin le site le plus accompli techniquement : en version Flash, c’est un pur bonheur surtout que les concepteurs ont eu l’heureuse initiative de recréer certains épisodes en utilisant le plug-in de Macromedia… Jeux en lignes, produits dérivés, sons, images, etc. Tout ce qu’on peut attendre d’un site officiel est là et bien là, mais toutes ces babioles ne dépassent pas le stade du distrayant…

Pour les affamés d’informations en tous genres, Beef-Cake.com reste sans aucun doute LA référence… Site à vocation encyclopédique, Beef-Cake décortique chaque épisode de South Park en révélant toutes les petites références « cinéphiliques » et les blagues salaces plus ou moins cachées -un must : les inscriptions espagnoles sur le tableau de la salle de classe… Entre autres choses, on peut aussi y découvrir des archives visuelles et sonores impressionnantes, une FAQ très complète, et des liens à foison…

Peu d’autres sites amateurs atteignent ce niveau d’excellence… On pourra tenter une visite sur South Park News, complet mais un peu austère, ou sur SouthZone, un webzine entièrement dédié à la série animée, plutôt fidèle dans le ton puisqu’il propose dès la homepage une version dénudée des héros…

Plus intéressants, les sites dédiés à certains personnages récurrents apportent une certaine originalité à un genre qui a déjà été beaucoup exploité : le site de fan… Kenny McCormick, le gamin idiot qui meurt à chaque épisode, est sans aucun doute le héros southparkien qui recueille le plus de suffrages. Que ce soit sur Kenny World ou They Killed Kenny, le laïus reste le même : un décompte épisode par épisode des « morts » de Kenny, histoire de prouver qu’il y a bien « huit millions de façons de mourir » et des tentatives plus ou moins drôles de décoder ses borborygmes (« Kenny says »… Généralement c’est plutôt salé…). Pour les plus joueurs, une mailing list, Who Killed Kenny Mistery Game propose de résoudre une énigme en ligne…

Autre personnage qui a la cote, le gros Cartman, monument de fatuité et de graisse mal saturée. Fatalement moins excitants que ceux dédiés à Kenny, ces sites « cartmaniaques » valent pourtant quelquefois le coup d’œil : South Park’s Eric Cartman « I’m not fat, I’m big boned! » Website propose quelques infos sur le « fat boy » de South Park ; Cartman’s Central ratisse plus large et bénéficie d’une interface plutôt chiadée.

Pour en finir avec les sites de personnages, on conseillera vivement à nos lecteurs d’aller faire un tour sur Terrance and Philip Page pour se familiariser avec ces deux Canadiens -enfin c’est ce qu’on suppose- pétomanes, héros de télévision ultra-populaires dans le petit monde de South Park et franchement hilarants.

Finalement, c’est lorsque l’on plonge dans le n’importe quoi total qu’on s’approche le plus du ton décalé de la série… Attention, ça frise parfois la private-joke intra-US, comme sur Ready to laugh ? ou SouthPark Championship Wrestling qui parodient les matchs de catch WWF très populaires aux States… Encore plus fort, East Side vs. South Park Side qui s’amuse du clivage East Side/West Side dans le domaine du hip-hop en comparant Puff Daddy avec les personnages de South Park ! Plutôt tordu mais soit…

On achèvera ce tour du web avec un pur indispensable : The Spirit Of Christmas permettra au fanatique de downloader l’épisode pilote de South Park, jamais diffusé à la télévision et qui, selon la légende, « tomba entre les mains de George Clooney, le pédiatre bellâtre d’Urgences, pour connaître une gloire exponentielle » sous le manteau… Depuis, le Docteur Ross a prêté sa voix dans la série à… un chien homosexuel ! On n’arrête pas le progrès…

D’autres sites qui peuvent mériter votre attention :
Just South of South Park
Mr Hat’s Hell Hole
Virtual South Park

Deux très beaux sites pour finir :
South Park Cows
Park South