Pour défendre leur quatrième album, The Hot rock, le trio indé-grungy-punk d’Olympia passe par la France. Corin Tucker (chant, guitare) en profite pour demander l’adresse d’un bon restaurant, Carrie Brownstein (guitare, chant) et Janet Weiss (batterie) voudraient bien faire du shopping. On les renseignera… si elles répondent à nos questions.

Chronic’art : Ce nouvel album sonne moins punk rock que ses prédécesseurs. Y a-t-il une raison à ce changement ?

Corin Tucker : Nous n’essayons jamais de nous définir, nous jouons, c’est tout. Etre seulement punk rock risquerait de trop nous limiter. Nous avons passé plus de temps en studio pour enregistrer cet album. Les chansons ont pris une tournure plus élaborée, une texture plus sophistiquée. Nous avons laissé les morceaux parler pour eux-mêmes.

Que signifie The Hot rock, le titre de l’album ?

Carrie Brownstein : Il vient d’un film des années 70, avec Robert Redford. A l’origine, c’était un livre et c’est ainsi qu’on en a pris connaissance. Il s’agit de l’histoire d’un diamant, hot signifiant ici volé.

Janet Weiss : On trouvait la métaphore plutôt jolie. Et comme on ne se prend pas très au sérieux, ça nous plaisait de dire « oh, on joue du hot rock »

D’où vient l’inspiration, que cachent les textes élaborés ?

Corin : Carrie et moi écrivons en général les paroles. Les histoires proviennent de notre vie, de notre expérience, d’histoires qui nous touchent.

Corin, tu t’es lancée dans le journalisme, par le biais d’Internet, en écrivant une rubrique intitulée I found that essence rare pour un e-zine. Tes impressions après cette expérience ?

Je me sens toujours inspirée par les gens qui sont passionnés par la musique et j’ai souhaité écrire à leur sujet. C’était le cas pour Mary Highwater (auteur-compositeur-interprète-mère célibataire d’Olympia). Cette interview m’a affectée dans un sens. Quand j’ai du la retranscrire, j’y ai passé des heures et j’ai remarquée que Mary disait « hmm » tout le temps, exactement comme moi ! J’ai compris que ça pouvait agacer. Il y a certains journalistes qui sont tordus, qui espèrent me faire dire telle ou telle chose parce qu’ils s’attendent à rédiger leur article sous un angle précis. Dans ce cas, je me demande pourquoi ils ont cherché à me rencontrer.

Après quatre ans de Sleater-Kinney, que préférez-vous et que détestez-vous dans le dur métier de rock stars ?

Carrie : Voyager. J’ai horreur de prendre l’avion. A chaque fois, je dois me préparer psychologiquement, et c’est toujours à refaire…

Janet : Jouer, c’est évidemment ce qu’il y a de plus excitant. Ce que je déteste en fait dans les tournées, c’est de passer mon temps à dire au revoir à des gens que j’ai tout juste rencontré, que j’ai à peine eu le temps de connaître. Et d’être isolée des gens que j’aime. Ça me désoriente à la longue.

Corin : Je ne déteste pas vraiment les interviews. Seulement, je trouve cela très éloigné de ce je fais. J’adore la scène, la réaction du public, donner quelque chose et recevoir de l’énergie en échange. La presse, c’est un peu absurde. Si j’avais voulu parler, je serai devenue oratrice. Je suis musicienne et mes chansons constituent mon principal mode d’expression.

Quels rapports avez-vous avec vos fans ? Y a-t-il des groupies en coulisse ?

Janet : Nous n’avons pas de groupies, personne ne cherche à coucher avec nous (rires). Quelquefois, on retrouve les mêmes gamins qui nous suivent de concert en concert. On discute avec eux, mais dans l’ensemble, nous n’attirons pas les givrés.

Corin : C’est délicat d’établir un rapport sain avec les fans. Je suis toujours partagée entre l’envie de parler avec eux, de les connaître et la crainte de leur en donner trop. Je me souviens d’avoir été cinglée de rock, au point de suivre mes idoles en tournée. Quand je vois une gamine hyper nerveuse à l’idée de me rencontrer ou qui a une réaction hyper-émotive pendant le concert, je me dis qu’il n’y a pas si longtemps j’en aurais fait autant.

Votre opinion sur la scène d’Olympia ?

Corin : Le fait que des gens viennent spécialement à Olympia pour jouer, c’est formidable. Cela permet toutes sortes de collaborations. La scène se diversifie. Il y a plus de musiciennes ici au mètre carré que dans n’importe quelle autre ville. Et puis il n’y a pas de codes esthétiques sonores. Tout le monde va jusqu’au bout de ce qu’il a envie de faire. Y compris ceux qui jouent des trucs affreux. Comme ce groupe de heavy metal qui ne recule devant rien et se donne à fond.

Citez-moi une influence féminine, un modèle, une de vos héroïnes.

(en chœur après digressions) : Kim Deal !

Janet : Elle se contente d’être elle-même, cool, à l’aise et à sa place partout.

Corin : Elle se fiche de son image. Ce qui n’est pas évident pour une femme.

C’est vrai qu’en général on décrit en détails les musiciennes. Personne ne dit que tel vieux rocker est gros et chauve.

Janet : Exact. Et pourtant, ça ne manque pas. Si on commençait à en dresser la liste…

Propos recueillis par

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