Compte-rendu du Festival La Route du Rock à St-Malo par notre gonzo-chroniqueur en chef qui a chopé une jolie veste Dior pas cher sur e-Bay, Wilfried Paris.

Jour 1 (12/08/05)

Vendredi, nous voilà dans la « perrukmobile » de Jérôme, une 205 rouge qui tient avec du scotch, en route vers le festival malouin, la programmation la plus classe de France, dans un site parfait (une scène unique, 20 minutes d’attente entre chaque groupe, le temps de papoter au bar VIP et de boire des rhum-coca). Après du 150 sur l’autoroute et une conversation enlevée-élevée sur le charme particulier des Normandes (selon Jérôme Laperruque, c’est le coin de France où les filles sont les plus bonnes ; selon moi, la Normandie est un peu comme le Village de Night Shymalayan, un lieu reclus et préservé, où les meilleures gènes se reproduisent strictement entre elles), nous posons nos tentes dans le champ réservé aux festivaliers, qui cette année n’ont pas le droit de dormir dans les douves du vieux fort de St-Père, les autorités locales y ayant signalé des chutes de pierres et une sécurité lacunaire. Nous formons dans un champ en friche un cercle parfait de tentes bancales, avec Cyril ex-Luke, Laperruque au taquet, Ben de Cyann et Ben et sa copine Stéphanie, Olivier de Gogo Charlton, Marie Mounier de Universal, Etienne Greib de Magic et sa petite Charlotte aux fraises, GTM le grand bassiste à lunettes, Charles et Anne de Strasbourg et Justine du Pop In, à la vertu infortunée, mais si charmante. Le camping est assez sauvage : deux chiottes en plastique majoritairement bouchées par toutes sortes de matières dégueulasses pendant toute la durée du festival, une grande cuve d’eau non potable, des travellers perchés qui écoutent du gabber à fond dans l’autoradio, des jeunes locaux indie-pop qui titubent bourrés toutes les nuits entre les petits tipis. Bref, sitôt installés, nous partons en vadrouille vers ce qu’on appelle le Palais du grand Large, où nous avons déjà raté Leslie Winer (« figure emblématique de l’underground new-yorkais et parisien des années 80, l’ancienne mannequin a réalisé un seul album, Witch, en 91, à la fois sombre, charnel et hypnotique qui lui a valu d’être surnommée « la grand-mère du trip-hop » par le NME » dixit le dossier de presse de la RdR), mais où passent à 17h00 les allumés new-yorkais Animal Collective, que j’adore positivement. Dans la voiture, Jérôme nous chante son tube de l’été, morceau composé avec François du Pop In, qui dit en substance sur une rythmique electro-garage : « mise à l’amende / brisure en règle / une jambe dans chaque main ! » et autres joyeusetés pornographiques, qui seront en quelque sorte l’hymne tordue de notre petit groupe décadent (entre Elmer Food Beat et Miss Kittin & The Hacker, bientôt à la radio à n’en pas douter). Bref, Animal Collective, dans l’auditorium du Palais, c’est très bien, si ce n’est que les places sont assises (pas de danse de la pluie donc) et assez chères : il faut négocier avec la préposée aux guests-lists à grands renforts de pass presse VIP. Dans la place, nous assistons au show que d’aucuns croient improvisés du collectif animal, entre voix-cris tribaux phasés-delayés, guitare en échos et tambour chamanes, qui s’avère cependant à l’écoute parfait de maîtrise tendue et de frustrations minutées. Dans un lieu peu propice (immense) aux débordements électriques et aux chants d’indiens, le quatuor s’en sort très bien, entre lentes montées hypnotiques et soudains assauts électriques, mantras a cappella et martèlements répétitifs. La potion psychédélique fonctionne, certains se lèvent pour danser et crier, et le groupe est ovationnés de longue minute avant son rappel. La faculté d’Animal Collective à s’approprier un lieu et un public pour le transcender en une émotion collective ne cesse de m’étonner : ce sont les grands chamanes de l’indie-rock d’aujourd’hui et on peut s’attendre à une longue et fructueuse carrière.
Ceci étant dit une bonne fois pour toute, nous voilà en route pour le Fort assister à la première soirée du festival. Un léger bouchon nous accueille à l’entrée du parking, occasionné par des hommes en bleu et casquettes, accompagnés de bergers allemands renifleurs. Ils nous intiment l’ordre de nous garer sur le côté, demandent les papiers du véhicule et si, par hasard, les jeunes que nous sommes ne transporterions pas des « substances illicites ». Si tel était le cas, ils nous recommandent de les leur donner sans faire d’histoires, et nous échapperons à la truffe envieuse du charmant toutou qui piaffe sur le bas-côté.
Charmant comité d’accueil, qui nous parle comme à des gosses débiles, sans jamais nous respecter. Nous signalons l’absence de telles substances récréatives dans notre véhicule, ils demandent à jeter un coup d’oeil dans le cendrier de la perrukmobile ainsi que sur nos paquets de cigarettes. Ils cherchent de toute évidence du haschisch, ne se posant même pas la question de savoir si, par hasard, nous ne serions pas plutôt adeptes de drogues autrement moins douces. C’est peut-être le cas, ou ce n’est peut-être pas nous. Bref, nous passons sans encombres la France de Sarkozy, introduisons en fraude des bouteilles remplies de vodka-tonic et de rhum-coca sur le site et débarquons en plein set d’Art Brut.
Bon esprit, le groupe anglais délivre un rock efficace, assez sophistiqué, évoquant Pulp (la voix mixée très en avant, les lyrics ayant plus d’importance que la musique, le charisme du chanteur) ou rien de vraiment connu. Le chanteur Eddie Argos évoque de cette voix grave le caractère indéfini de sa musique en quelques mots : « Haven’t read the NME in so long / Don’t know what genre we belong », avant de faire une chanson drôle sur le Top of the Pop et de clore son set en criant : « Go home and form a band ». So british. Pas vu grand-chose cependant, nous achetons des tickets boissons-frites-merguez et nous dirigeons vers le bar VIP où je retrouve Matthieu Blestel, attaché de presse à tout faire et éternel homme en gris, même sous le plus gros des cagnards, et Yann Chateigné, chroniqueur-art dans nos colonnes. Je me sers un verre de vodka tandis que Jérôme et son copain Charles racontent à tout le monde que Johnny Halliday est mort. Sans blagues ?
Tout occupé à papoter avec tout le monde et n’importe qui, je loupe Alamo Race Track, que j’écoute du coin de l’oreille sans grand intérêt : des soupçons d’Interpol-Joy Division, alternant avec des saillies Jim Morisson, combinant le grand tout avec le n’importe quoi. Ce groupe à vue de nez manque d’originalité. Je ne ferai pas plus d’efforts.
Par contre, je me déplace pour Wedding Present, groupe de mes 20 ans, que j’avais vu à l’époque à l’Elysée Montmartre avec Welcome To Julian (savez-vous que le chanteur de Welcome To Julian est désormais vendeur de disques dans le Starter de Montbéliard ?). Et là, pas grand-chose à signaler, sinon que la moyenne d’âge des festivals d’été tend à pathétiquement dépasser la 45e année (cette année, Wedding Present, Mercury Rev, Yo La Tengo, The Cure, Sonic Youth…) et que David Gedge a perdu en enthousiasme et en électricité ce qu’il a gagné en tour de taille. Les tubes punk-rock d’antan se sont bien ramollis et le pied au plancher roule en Ford break. Encore un come-back de fiscalisé.
Heureusement, la soirée se poursuit avec Yo La Tengo, ce bon vieux trio d’Hoboken, formé en 1984, à la discographie foisonnante et éclectique, inimitable. Ira Kaplan chante derrière de vieux synthétiseurs, Georgia Hubley est la meilleure batteuse du monde, quelque part entre Max Roach et Keith Moon, et James Mc New, aka Dump, promène sa bedaine débonnaire entre guitares et petit synthé. Après le traditionalisme indie-rock des groupes précédents, la complexité des morceaux de YLT est une salvatrice bouffée d’oxygène. Le trio revisite son répertoire, de Electro-o-pura à I can hear the heart beating, en passant par les derniers albums, se permet des intros instrumentales de cinq minutes, une version de Nuclear war à la Jackie Mitoo, des soli de batterie et de vrais moments de silence. Alors que l’indie-rock contemporain semble se cantonner au poum-tchak réglementaire de Franz Ferdinand, ces bons vieux Américains apportent de la nuance, de l’intelligence, du respect pour le public (YLT ne vous prend pas pour des cons). C’est parfait quand la nuit tombe.
A côté de cette performance lumineuse et acclamée, les requins de Mercury Rev sont de parfaits minables. Leur musique pompière, flagorneuse, amphigourique, et leur attitude démagogique, bassement religieuse, les rendent absolument antipathiques. Personne n’a le cran de supporter Jonathan Donahue imiter le vol d’un oiseau en chantant « Fly, fly« , sur des envolées de guitares, remuant les bras comme une mouette échouée dans une mer de pétrole, à un public abruti par l’alcool. Le lyrisme épique de ces baba-cool ringards est absolument insupportable et je suis tellement dégoûté par ce psychédélisme de baleine (quand les premiers albums de Mercury Rev étaient si beaux, si légers, souvenez-vous), que je vais me coucher sous la tente. D’ailleurs, je suis beurré. J’entends vaguement au loin The National, groupe que je considère surestimé (mais qui aura fait un excellent concert selon les dires de Ben de Cyann et Ben), puis quelqu’un crier au milieu du camping « Bienvenue à Guantanamo », avant de m’endormir d’un sommeil plombé.
Jour 2 (13/08/05)

En fait, j’ai du dormir deux heure et voilà tout. Après The National, Cyril s’est allongé au beau milieu de notre petite tente, a pris les trois quart de notre unique duvet, m’a poussé contre la toile déjà détrempée de rosée nocturne et j’ai grelotté yeux grands ouverts jusqu’à 8h00 du matin, quand je me suis décidé à sortir boire des cafés. Devant le site, un unique bar propose des formules-arnaques à 4 € 50 (café, croissant, jus d’orange et c’est marre) et je fume clope sur clope en attendant que les autres se réveillent. Vers 11h00, on va manger des galettes chez Fabien dont les parents ont une maison à St-Malo, vous vous en foutez peut-être : on boit trois litres de vin rouge et on va se poser sur la plage pour le set diurne de Sébastien Schuller (le fils de Didier Schuller, selon l’amusante rumeur lancée l’année dernière au Pop In) et d’Alexis. Bonnes surprises sur la plage, pendant que l’on boit du champagne pieds nus dans le sable, les Djs nous offrent Ariel Pink ou The Chap au milieu de quelques classiques indés. Je n’aime pas trop le rock-Radiohead de Sébastien, mais il a un goût excellent quand il s’agit de passer des disques sur une plage. Jérôme au taquet va draguer deux filles en bikinis : « Salut, vous vous appelez comment ? », une des deux lui répond « Salut Jérôme, tu ne te souviens pas de moi, on a couché ensemble l’année dernière ». La classe. Mathieu Blestel a un imper noir, couleur locale pour cette deuxième soirée, qui affiche complet, à grand renforts de corbaks venus voir le perruqué Robert Smith et son groupe de manches. On zappe Camille et Great Lake Swimmers au Palais et on rejoint le Fort en navette avec Justine. Là, bouchon, bleusaille qui menace de faire rentrer les chiens renifleurs dans le bus si on ne se dépouille pas immédiatement de nos substances illicites, deux poires descendent donner leur maigre bout de teuche à la maréchaussée, ils ne font même pas monter les chiens, on part pour le site, on entre les bouteilles d’alcool, on loupe The Organ, on se pose devant Colder. Ouf.
J’ai une affection un peu honteuse pour Colder. Le parisien Marc Nguyen Tan produit une musique bien trop référentielle pour être honnête, entre Suicide, Joy Div’ et Brian Eno, mais il le fait quand même avec une certaine classe. Le dépouillement acide, les textures millimétrées, les atmosphères glaciales et l’efficacité des mélodies me rendent sa musique doucement toxique. Sur scène, il est pas mal entouré, donnant une saveur plus rock, plus organique que froidement électronique à ses morceaux sous tension (son nouvel album, d’ailleurs, après Colder, s’intitule Heat -les concepts étant ici maniés avec une certaine intelligence). Les fans de Cure semblent également apprécier et on se laisse porter en buvant des vodkas-to.
Je suis désolé, mais j’ai un trou là, je n’ai absolument aucun souvenir du concert des Raveonettes. Selon le dossier de presse : « imaginez The Jesus And Mary Chain produit par Phil Spector et vous aurez une petite idée du son des Raveonettes. Alliant le miel et le fil barbelé, ces Danois savent nous séduire avec des mélodies accrocheuses pour mieux nous clouer sur place à coup de guitares fuzz assassines. Attaché au son des 60’s (les légendaires Ronnie Spector des Ronettes et Moe Tucker du Velvet Underground font quelques apparitions sur le dernier album), les Raveonnettes sont pourtant d’une incroyable modernité. »… Je me souviens juste que quelqu’un est venu me dire : « T’es au courant ? Johnny est mort », et que je lui ai répondu : « Ouais, je sais, d’une crise cardiaque hier matin ». Sinon, peut-être que je cherchais de la drogue pour le concert des !!! Ou peut-être que ce n’était pas moi.
Bref, après une bordée de merguez-frites, me voilà avec Marie Mounier en train de danser sur A forest, pendant le concert marathon de The Cure. Robert est gros, Robert est moche, Robert a sans doute une perruque et en dessous il est chauve, Robert a un groupe de très mauvais musiciens, Robert a demandé à jouer deux heures, Robert met de la reverb’ sur tous les instruments ce qui produit une soupe innommable, Robert fait chier, alors, on boit, on se drogue (peut-être, peut-être pas nous) et on danse histoire de passer le temps.
Je me sens tout à fait énergétique pendant le concert des !!!. On s’est mis au deuxième rang avec la bordelaise à frange Chloé, Omé et Sophie Neveu (pas celle du Code Da Vinci, une autre). Le super-groupe new-yorkais est une machine à groover complètement efficace : tous les instruments sont dédiés à la pulsation générale, qui s’empare unilatéralement de tous ceux qui sont restés (les meilleurs évidemment). Il est 2h00 du matin, et c’est la folie. Le chanteur a un petit short de footballeur et un tee-shirt d’indistincte couleur, il bondit dans tous les sens et de tous les côtés comme un lapin sous amphètes, haranguant la foule, grimpant sur les échafaudages, tapant des pieds et des mains, les yeux épileptiques. Plus proche de James Brown que des Happy Mondays selon moi, la musique des !!! est juste une incroyable production de rythme.
Leur reprise discoïde des Magnetic Fields, Take ecstasy with me marche du feu de dieu, et on voit même Camille les rejoindre sur scène pour danser comme une possédée pendant un morceau. Le trip. Cette sauvagerie groovy se terminera sur une touche de compassion de la part du chanteur : « I know your Johnny is dead. We are sorry for you », qui nous fera rire jusqu’au retour à la tente.

Jour 3 (14/08/05)

On a réussi à se faire prêter une couverture supplémentaire, j’ai dormi comme un bébé. On se rend à la plage, où il y a Christopher O’Riley en costard noir qui se prépare à interpréter des morceaux d’Eliott Smith au piano à queue. Hier c’était Radiohead. On fuit cette ambiance de suicide estival pour aller manger une galette complète champignons dans la crêperie située sur les remparts de St-Malo, le plus beau point de vue pour déguster une sucre-citron. Les grands de ce monde ne s’y sont pas trompés, puisque la serveuse nous annonce que les membres de Sonic-quelque chose sont à l’intérieur en train de se bâfrer. Elle réitère sa combine-marketing avec un tee-shirt de Cure assis derrière nous : « Robert Smith est venu manger chez nous hier ». Et Jean Patrick Capdevielle en 1982 ?
Bon, c’est très bon, il y a des carambars avec le café (« Qu’est-ce qui est jaune, chaud et pas net ? Réponse : des oeufs brouillés ») et on se casse direction le 8/8 acheter de la picole, puis les tentes pour faire les mélanges, enfin le site pour voir la fin de Boom Bip. Dans la voiture, Etienne Greib chante des chansons d’Eddy Mitchell, sachez-le. On loupe Boom Bip, on se plante devant Maximo Park, groupe constructiviste, futuriste ou nazi, je ne sais pas trop. Franz Ferdinand, Maxïmo Park, Heil Hitler ? J’en parle avec Alice Champion qui est gentille et tolérante avec moi et mes blagues douteuses. Je lui explique que chaque groupe a sa drogue : Maxïmo Park, de toute évidence, c’est la cocaïne ; !!! ou les Polyphonic Spree, les ecstas ou le MDMA ; Cure ou Sonic Youth, l’hero. On s’amuse bien. Mais Maxïmo Park, c’est quand même de la merde en boîte, survendue et achetée par des milliers de scatophiles. Du rock bête et méchant, agressif et anguleux, avec des structures sans imagination, des chemises noires et des cravates rouges. Je me casse au bar VIP aider Jérôme Laperruque dans sa quête de la journée : retrouver la guitariste des Polyphonic Spree avec qui il a flirté à Benicassim (cf. son blog pour plus d’infos). « Je suis amoureux, tu sais », me dit-il d’un air grave pour la vingtième fois cette année. Finalement, il la croise, elle le snobe, et il s’en désintéresse totalement cinq minutes plus tard. « J’ai besoin qu’on soit quand même un minimum intéressé par moi », dit-il sèchement, reportant ses efforts sur une petite bénévole qui passait par là (« Cette fille est extraordinaire ! »).
Bon, les Polyphonic Spree entrent en scène, après une intro lyrique à n’en plus finir, et c’est très beau à voir : tous habillés d’une toge bleue, formant une pyramide musicale, faisant doucement monter la tension, avant d’exploser en danses synchronisés et très excitées, sur des rythmiques un brin lourdaudes. On se laisse séduire au début par l’enthousiasme de tout ce beau monde, avant de fléchir sous le matraquage. Lorsqu’on avait interviewé Tim Delaughter, il disait vouloir conjuguer l’énergie du rock aux mélodies de la pop et que c’était ça les Polyphonic Spree qu’il avait en tête. De visu, le résultat ressemble plutôt à un éléphant en bout de course, qui frappe dans ses mains de concert comme dans une série télé évangélique, la grosse caisse en avant, les cuivres et les cordes loin derrière, le gourou sur le devant de la scène, et la fanfare sous consigne « faites-en un maximum ». Je me retire doucement avec l’impression gênante de voir des illuminés fanatiques coupés du monde réel, et j’écoute ça loin de la démagogie avec ma merguez-frite.
Heureusement, après ce gros effort poussif, voilà Thurston Moore, Kim Gordon, Steve Shelley, Jim’O Rourke et Lee Ranaldo qui montent sur scène. Le meilleur groupe du monde quoi. Deuxième rang, grosse claque : entre longues parties bruitistes, classiques instantanés (Kool thing, Schizophrenia), morceaux récents et morceaux anciens, le quatuor propose le meilleur set de tout le festival, ajoutant à l’électricité rock la complexité et la subtilité (des structures, des harmonies de guitares, des enchaînements). Le rock intelligent de Sonic Youth fait un peu le même effet que la délicatesse de Yo La Tengo dans une ambiance sous le signe du bourrin. L’impression de sortir de là plus intelligent, plus sensible, qu’avant. En ayant quand même eu sa dose d’énergie. Kim Gordon, en short, fait vieille rappeuse quand elle dit au public : « Thank you, brothers and sisters », le but de Thurston Moore dans la vie semble être de faire le con sur scène (il monte sur les échafaudages frotter sa guitare contre les pylônes métalliques), Jim ‘O Rourke est un bassiste excellent quand il ne fait pas gouzi-gouzi avec sa guitare, bref, du grand spectacle, du gros son, le pied intégral. Camille, chanteuse maligne, ne s’y trompe pas, qui débarque sur scène pendant Kool thing pour danser et faire n’importe quoi sur scène, devant 10 000 personne (mais quelle est donc sa roupe ?).
Bref, après ça, Metric (une poupée blonde qui prend des airs de robot débranché sur des rocks ballots) et Vive La Fête (une autre poupée blonde qui reprend Banana split version electro-clash périmée) furent juste de petites choses anecdotiques. Pendant ce temps là, sur un panneau de signalisation, passait le message en boucle : « Johnny Halliday n’est pas mort ».
La soirée s’est finie dans le bar VIP avec un Dj set d’Antipop, pendant lequel j’ai bu deux double-whisky à 10 € la dose, j’ai dansé superbement avec Aurelia du Confort Moderne, la bénévole Marie, Mathieu Blestel et Yann Chateigné. Puis le jour s’est levé, j’ai traversé le Fort jonché de verres en plastiques, avec un sourire béat dans un décor d’apocalypse, et je suis allé me coucher, tandis que le soleil trouait l’horizon. C’est ça la Route du Rock. A l’année prochaine.

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