Vous avez dit uniformisation ?

Pour tout titi parisien qui se respecte, il est souvent facile (et parfois justifié) de juger les looks d’autrui avec la parfaite bonne conscience de détenir les normes du « fashion ». N’avons-nous pas entendu nos petits minets ou nos folles du Marais se moquer des Américains en shorts, des Allemands en sandales Birkenstock, des Anglais en chaussettes blanches, et des Japs avec leurs sacs Vuitton?… Mais ces critiques sont-elles encore pertinentes ?
Vrai, il est difficile de comparer ces looks avec nos « tee-shirts orange-treillis beige », nos « chemises Agnès B.- pantalon cigarette et Simple aux pieds » ou encore avec nos blondinets NAP (Neuilly-Auteuil-Passy) en « vichy Cyrillus-bermuda et Docksides »…
Tous ces looks font référence à une identité sociale, consciente ou inconsciente, mais aussi à une identité sexuelle ou idéologique (euh pardon… de socio-groupe).
Pourquoi en important chez nous des cheveux orange, ou des mocassins Gucci (pardon, Gushaiii !), cela vous fait passer ici pour une excentrique du Marais ou un « pubeux » à la limite du « fashion victim » ou du « has been » ? Alors que ces accoutrements peuvent passer pour le strict minimum pour n’importe quel autre jeune branché ailleurs ?

Mais rêvons un peu. Et si nous perdions un peu notre égocentrisme?… Pourquoi ne pas adopter ces bandanas sur la tête qui font si « bad boys » dans certains pays ? Et si nous cessions de regarder en Europe les jeunes qui ont des téléphones mobiles comme des « m’as-tu-vu », sachant que n’importe quel ado pré-pubère de Hong-Kong en utilise le plus naturellement qui soit ?
Pour conclure, pourquoi ne pas trouver de la « branchitude » dans ces boubous africains ? Cela viendra peut-être… Si ces considérations vous semblent trop peu politiquement correctes et trop béatement universalistes, alors restez vous-mêmes, mais pour une fois, vivez les différences comme autant de diversités identitaires et ne demandez plus à vos voisins d’être comme vous…

Alex Bui-Quang