Matt Ward est un nouveau venu sur la scène néo-folk, désormais florissante et mondialisée. L’Américain vient de publier son premier album sur le label de Giant Sand aux Etats-Unis. En France, Duet for guitars #2 paraît cet hiver chez les excellents Disques Mange-Tout. Il s’agit d’une collection de chansons qui ne révèle toute sa saveur qu’au fil des écoutes. Chronic’art croise Matt Ward après sa rafraîchissante prestation en première partie de Superflu, à la Maroquinerie. On a pu l’y observer en trio, invoquant l’esprit des merveilleux Minutemen. Matt Ward et Mike Watt, même combat ?

Chronic’art : D’où viens tu ?

Matt Ward : Je viens de la Californie du Sud. Une petite ville près de Ventura.

Duet for guitars #2 est-il le premier album que tu sors en France ?

C’est mon premier album solo. Avant, j’ai fait partie d’un groupe qui s’appelait Rodriguez, à l’époque où je vivais en Californie. On s’est séparés lorsque j’ai déménagé à Chicago, vers 1997.

Tu t’es impliqué dans la scène de Chicago ?

Non. J’ai vu pas mal de concerts, mais ce que j’ai fait essentiellement à Chicago c’est de l’enregistrement sur quatre-pistes dans ma chambre. J’ai rencontré des musiciens, mais je suis resté dans mon coin. Après la séparation de mon groupe californien, je voulais surtout voir ce que je pouvais faire tout seul. J’ai juste tourné avec Brokeback le projet de Doug Mac Combs de Tortoise.

Tu vis à Chicago maintenant ?

Non, je vis à Portland dans l’Oregon.

Et Rodriguez a fait des disques ?

Oui, un album produit par Jason de Grandaddy (je les connais depuis la Californie). J’aime bien cet album, mais je préfère mon disque solo. Notamment parce que j’ai eu plus de temps pour le réaliser, m’y dévouer et le rendre cohérent. Dans Rodriguez, on était deux à écrire les chansons et ça sonnait un peu comme les trucs les plus énergiques qu’on a pu jouer ce soir. En fait, on était très influencés par Firehose et les Minutemen…

La sonorité de ton album est assez live. Ne ressens-tu pas le besoin d’expérimenter en studio ?

Ce premier disque, je le voulais avec ce son bien particulier. Naturel. Sur le prochain disque il y aura plus d’expérimentation, un peu de piano, de Rhodes…

Depuis quand écris-tu des chansons ?

J’ai commencé au collège à l’âge de 15 ans. J’en ai 27 maintenant.

Qu’est-ce qu’une bonne chanson selon toi ?

Dès lors que j’ai l’impression de dénicher une règle dans l’écriture de chansons, celle-ci ne fonctionne plus. Je crois qu’il n’y a pas de règle justement. Il suffit simplement de bien le sentir, c’est tout.

D’où te viens ta technique de picking* ?

J’ai commencé à jouer comme ça parce que j’avais le bouquin de partitions des Beatles. J’ai donc appris à jouer en déchiffrant Blackbird. Et aussi en imitant Johnny Marr, car je suis un grand fan des Smiths.

Mais Johnny Marr ne fait pas de fingerpicking…

Non, mais il joue des arpèges très rapides… qu’il peut être amusant de jouer façon fingerpicking. J’apprécie aussi le style de John Fahey.

Et il t’arrive d’utiliser des accordages spéciaux ?

Parfois. Rarement sur scène, parce que c’est chiant de changer d’accordage sur scène.

Tu n’as qu’à utiliser plusieurs guitares.

Oui, mais changer de guitare c’est pénible également. J’aime que tout soit prêt.

Quels sont tes songwriters préférés ?

Ils sont nombreux. Les premiers qui me viennent à l’esprit sont Neil Young, Bob Dylan, Johnny Mitchell, Randy Newman, etc.

Et les disques qui ont changé ta vie ?

Rage and full on de Firehose, qui m’a projeté dans des directions très différentes, Blue de Johnny Mitchell, Everybody knows this is nowhere de Neil Young, Blood on the tracks de Bob Dylan.

Propos recueillis par

* le picking, ou fingerpicking, est une technique d’arpège de guitare folk, qui privilégie l’indépendance du pouce de la main droite ; il joue des lignes de basses, le plus souvent de simples pompes, tandis que les autres doigts arpègent les accords ou jouent la mélodie

Lire notre critique de Duet for guitars #2
Voir le site du label américain de M Ward, 62TV Records