Un nouveau comité de lecture vient de se mettre en place au cours de ces derniers mois. Il est gigantesque, plus important que tout ce qui a pu voir le jour jusqu’ici. Tous le monde (ou presque) peut y accéder, publier ses textes ou critiquer ceux des autres. A l’heure ou tout le monde parle d’images et de son, de vidéo, le Web se présente comme l’intermédiaire idéal pour la diffusion de l’écrit. De quoi ? L’écrit !? Du texte, quoi, des mots qui font des phrases pour former du sens. Mais c’est complètement suranné, ça. Aujourd’hui, c’est le multimédia. Pourtant…

Vous venez de prendre la plume pour rédiger le premier jet de votre œuvre, vous avez quelques poèmes qui traînent dans vos tiroirs, quelques idées à diffuser, vous aimeriez tant livrer au monde impatient vos annonces (précieusement sauvegardées) pour répondeur, un recueil de citations du grand père, vos milles et une recettes de pudding à la menthe. Il existe un nombre conséquent de site qui se feront un plaisir de vous publier. Dans tous les domaines : poésie, mainstream, polars et science-fiction.

Oui, car la S.F. (science-fiction pour les moins avertis) semble un genre privilégié sur le net. Pourquoi ? On peut facilement imaginer une analogie avec ce nouveau mouvement propre au genre: le cyberpunk (roman d’anticipation déglingué et implants informatique). Les fans se retrouvent sur un support proche de leur monde. Mais ce n’est pas tout. La science-fiction permet toutes les inventions et elle offre aux amateurs un maximum de possibilité d’évasion. C’est ce désir qui transparaît dans le développement de cette littérature, plus particulièrement sur l’Internet.

Toujours est-il que les nouvelles de S.F. ont fleuri sur la toile. Le site Le miroir des mondes en fait parti. Il propose toutes sortes de créations portant toutes sur l’imaginaire, le fantastique et la science-fiction. Antoine Ribes l’un des responsable de la « Compagnie des Forgeurs de Rêves » a bien voulu répondre à nos question :

Tête de l’art : Quelle a été la votre source d’inspiration et votre motivation pour la création de votre site?

Antoine Ribes : Ca faisait très longtemps que nous voulions publier un magazine. Sans doute parce que notre passion était trop forte et que nous voulions la communiquer à d’autres, leur faire profiter de ce que nous aimions. De nombreuses choses, à notre avis, manquaient tout simplement dans les magazines. Sans pour autant les critiquer, nous envisagions quelque chose de différent, de plus général, qui puisse rassembler et attirer davantage de monde, et montrer qu’un certain nombre d’activités étaient en fait très liées.

Pourquoi avoir choisi la science-fiction?

Bien qu’il n’y ait pas que la S.F. sur Le miroir des mondes, le genre nous tentait tout simplement pour sa force d’évasion. C’est un genre qui permet de parler des problèmes de son propre monde, en les transposant pour oublier des problèmes bien réels d’aujourd’hui… le décalage permet de réfléchir plus sainement. Par l’évasion, c’est aussi -et surtout- un genre qui se prête au divertissement.

Pourquoi avoir privilégié le Web ?

Le Web permet de publier autant de textes que l’on veut, de diffuser des textes qui peuvent toucher toute la planète, pour pas un sou. C’est un média idéal pour des gens désargentés qui ont envie de s’essayer à l’écriture.

Avez-vous obtenu des échanges?

Enormément. Tout d’abord, beaucoup de félicitations, et quelques remarques constructives très intéressantes. Dès le début, nous nous sommes ouverts aux contributions extérieures : l’objectif était de faire partager notre passion, donc d’offrir une plate-forme d’expression au plus grand nombre. Cela nous a permis de recevoir des textes d’auteurs débutants que nous nous sommes efforcés de corriger et de revoir avec eux. Nous en sommes arrivés à un tel point que nous pouvons poster un texte littéraire par semaine sur le site, avec une large marge de manœuvre (beaucoup de textes d’avance). Nous avons aussi lancé des jeux littéraires, qui pour l’instant n’ont qu’un succès limité, mais qui je l’espère finiront par attirer du monde…

Comment choisissez vous les textes ? En avez-vous censuré?

Le responsable de la Bibliothèque que je suis lit les textes envoyés et surveille dans un premier temps le style et le sujet. En général, nous proposons des corrections aux auteurs. Bien entendu, si elles sont mineures (un « s » à un pluriel ou une inversion de lettre par-ci par-là), nous faisons l’opération directement. Quand il s’agit de changer une phrase, on averti l’auteur, et le laissons libre de remanier lui-même son texte. Mais nous nous refusons à laisser passer n’importe quoi sur le site. Le miroir des mondes étant destiné à un large public, nous préférons éviter de publier les textes qui pourraient choquer (ou alors nous rajoutons, en introduction, un avertissement) : l’apologie du crime, l’incitation à la haine raciale, le discours fasciste n’ont pas leur place chez nous ! Nous avons effectivement refusé certains textes, très peu, généralement pour des raisons de style, ou de forme : des textes trop courts, sans début ni fin…

Quelles sont les potentialité offertes par l’internet?

L’intérêt est multiple. Le fanzinat est une chose très importante en S.F. : il permet aux auteurs de se faire connaître, et de se faire les dents. Ces premiers textes publiés constituent un bagage. C’est aussi tout un travail sur le style qui permettra à l’auteur de s’affirmer par la suite, surtout s’il est accompagné de critiques constructives et d’un remaniement : l’écriture, comme tout métier, s’apprend et se pratique. Même le génie ne peut se passer de pratique ! Le Net permet de publier un nombre illimité de textes, et de toucher un nombre potentiellement illimité de gens de tous horizons. C’est un bon tramplin pour se faire connaître. Même si les éditeurs ne viennent pas chercher les auteurs sur le réseau, celui qui a déjà publié et qui fidélise son petit lectorat sera plus à l’aise pour présenter ses œuvres.

J’ajouterai que Le miroir des mondes est en partenariat avec une maison d’édition papier (Antoine Ribes en est pour l’instant directeur de la future collection française, ndlr). Nous nous intéressons déjà à trois auteurs présents sur le site. Je ne désespère pas non plus un jour de sortir un recueil des meilleures nouvelles du Miroir. En ce sens, nous nous efforçons de protéger les textes publiés pour que les auteurs puissent bénéficier d’une antériorité de création et de publication.

En résumé, si le Web est une excellente plate-forme pour les auteurs débutants, je doute fort de sa viabilité actuelle pour ceux qui désireraient vivre de leur plume par cet unique moyen. Le réseau est encore un lieu d’expression libre et gratuit, et j’espère qu’il en sera ainsi encore longtemps.

Propos recueillis par

LE MIROIR DES MONDES
http://mailhost.seishin.fr/~MdMondes/

Divers sites qui proposent des nouvelles de S.F. :
L’AUBERGE DE LA LICORNE
http://perso.wanadoo.fr/gdidier/
INTERFICTION
http://www.total.net/~mbargone/interfiction/
QUARANTE-DEUX
http://www.integra.fr/XLII/SF42.html
GAMETE
http://users.skynet.be/sky79342/index.html
PAGES FRANCAISES DE SCIENCE-FICTION
http://sf.emse.fr/
SPACE GENESIS
http://www.mygale.org/01/doncker/space
LA PAGE DE FRANCOIS FLEURET
http://www.eleves.ens.fr:8080/home/fleuret/index.fr.html