Les hackers ont la pêche et multiplient leurs attaques sur la Toile. Une pratique courue consiste à remplacer la home page d’un site, si possible, à forte visibilité, soit pour le fun, soit pour faire passer un message. Demande de libération d’un comparse (Mitnick entre autres), menaces, avertissements, protestations… contre les tarifs exorbitants de France Telecom par exemple. Le site Web de TF1 en a fait les frais le premier jour de la fête de l’Internet. La rédaction du site en profite pour ouvrir le débat. Le hacking peut-il servir une cause ?

TF1, dont le site a été hacké vendredi dernier, jour du lancement de la fête de l’Internet, décide de la jouer franc jeu avec son public internaute. Non seulement le rédacteur en chef du site rappelle en détails les faits et explique le sentiment de l’équipe, mais la rédaction vient de concocter en prime un dossier à propos du piratage, façon « le hacking sur Internet pour les nuls ».
A 23h10, vendredi 19 mars, les internautes pouvaient trouver en lieu et place de la home page habituelle du site TF1 Interactif, un message à l’attention de France Telecom. En résumé : « France Telecom n’a pas le droit de sucer le sang du peuple !!! ». Autrement dit, une protestation contre les tarifs de connexion imposés par l’opérateur national, toujours trop élevés. « Nous prions le webmaster de tf1.fr de nous excuser d’avoir utilisé ce site mais nous n’en pouvons plus » signale les hackers sur cette même page.

Faiplay , Julien Mentzer, webmestre, explique que « TF1 ne poursuivra pas les pirates », ajoutant qu’il « comprend les revendications ». Mais condamne les manières d’agir : « Lecteur, il y a déjà bien longtemps, des écrits d’Akim Bay (pour info : Hakim Bey, comme ça ;-) sur les zones d’autonomies temporaires (TAZ), j’étais confronté à cette réalité » explique Laurent Krivine (voir notre interview). « Oui, l’hacktivisme existe sur le net, je l’ai rencontré. Il ne s’agit pas ici d’espionnage industriel, de guerre électronique et de militantisme fascisant mais bien d’hacktivisme pur et dur, celui qui est l’essence même de ce médium et lui donne toute sa dimension. En effet, l’Internet est un lieu de débat, de communauté et de partage. Que certains s’activent à en défendre les frontières ne me choque pas. Si la revendication -le coût des communications téléphoniques en France- est compréhensible par tous les internautes que nous sommes, la méthode, elle, est injustifiable. Le hacking est un procédé brutal et totalement illégal. Une façon d’imposer son point de vue en court-circuitant tout débat. »
Damien Bancal, rédacteur en chef du site TAZ, justement, n’est pas de cet avis. En plus de toucher un large public (ndlr : le site de TF1, c’est 4 millions de pages vues et 1,5 million de visiteurs par mois !), « l’objectif consiste également à se manifester auprès de la direction. En l’occurrence, Anne Sinclair, responsable des sites Web du groupe. Et femme du ministre de l’Economie et des Finances… ». Et Damien de remarquer : « il ne faut pas s’étonner que Valentin Lacambre, propriétaire de l’hébergeur Altern, ait reçu un mail de soutien de Dominique Strauss-Kahn. Le ministre ne passe probablement pas ses journées à surfer sur Internet, mais on scrute la Toile pour lui dans son entourage ! ». Pourquoi pas ?

Les disciples d’Hakim Bey n’ont pas pour principe de lancer et d’alimenter des rumeurs ou de brayer inutilement dans les forums. Ils privilégient l’attaque frontale stratégique et temporaire, dans l’espoir de toucher directement ou indirectement les plus hautes sphères d’influences ou de décisions lorsqu’ils s’agit de faire passer un message.
Une certitude : le nombre de sites hackés ne cesse de croître et ces mésaventures, largement relatées et commentées par les sites d’info, ne passent plus vraiment inaperçus. D’où la rédaction par TF1 interactif de ces quelques pages pédagogiques et consensuelles, et la possibilité donnée à chacun de s’exprimer sur le forum monté pour l’occasion : « Le hacking peut il servir une cause ? » Exemple, au pif : l’hacktivisme expliqué par TF1…

Lire notre interview de Laurent Krivine, rédacteur en chef de TF1 Interactif