Mc et producteur made in Versailles, Fuzati a élaboré ses premiers faits d’armes il y a déjà plusieurs années, en collaboration notamment avec Tekilatex, James Delleck ou encore Orgasmic. Après moult projets réussis en coopération avec ses derniers, comme le délectable album Buffet des anciens élèves sorti sur le label Institubes, il pose Vive la vie, un premier album solo bourré de larmes, de spermes et d’affect inversé. Un jeune espoir de la sémantique française se confie…

Chronic’art : Peux tu nous présenter la quintessence du Klub Des Loosers et de cet album Vive la vie ?

Fuzati : J’ai toujours amené le Klub Des Loosers vers une certaine direction, même si je me suis entouré de plusieurs acteurs, amis et metteurs en sons divers. Ca a toujours été un projet solo au fond, même si je fonctionne souvent en binôme sur certains titres. Le Klub Des Loosers, c’est un peu l’histoire de ma vie, quand je faisais mes études et qu’on fumait des joints, en écoutant du son, sans aucune fille aux alentours. Je n’arrêtais pas de dire à mes potes qu’on était un club de loosers, et puis ça n’en finissait pas, on se bourrait la gueule en boucle et on se défonçait aux joints… Puis est venu Fuzati et mon Klub Des Loosers. Ce premier album est un concentré d’histoires qui dirige l’auditeur vers un sujet simple mais complexe : comment un mec peut arriver à vouloir se suicider… ? Avec les larmes et la tristesse en décor, mais aussi la dépression, la rancune, la violence… Quand tu n’arrives plus à pleurer…

On sent que ta haine est surtout dirigée sur la Femme…

Oui. Mais il n’y a pas seulement de la haine. Cet album est un résumé d’une période de ma vie qui a été bouleversée par une rencontre très « agitée ». Une rencontre qui m’a brouillé… puis ouvert les yeux. Une histoire d’amour qui a mal tournée. Au bout du compte, cela m’a appris beaucoup et m’a forcé à aller de l’avant, artistiquement en premier lieu, mais également au niveau des mes relations avec autrui. Même si je reste toujours masqué et parano par nature… Pour revenir sur la haine : je pense que c’est également un album romantique que j’ai posé avec Vive la vie, aussi bien dans les thèmes musicaux que sémantiques. Ca se ressent tout au long de l’album, cette histoire du mec romantique qui n’accepte pas la vie comme elle est. Si je déteste autant les filles, c’est que j’en attend beaucoup. Même si certains refrains et paroles sur l’album peuvent tendre vers le contraire (Ne plus y croire). C’est une ambiguïté qui est enfouie en moi et que j’ai plaquée sur disque.

Ton expérience avec les TTC, James Delleck et consorts t’as aidé pour poursuivre dans ton parcours musical ?
Oui. L’Atelier m’a donné pas mal de boulot, notamment au niveau de l’adaptation et des méthodes de travail. Je dois beaucoup à Tekilatex, qui m’a poussé dans ma démarche artistique. Delleck également. Il m’a aidé pour la mise en forme de certains samples et m’a donné un gros coup de mains sur cet album. Quant à Dj Detect, qui m’accompagne sur scène et qui pose des scratches, il bosse à fond. Par exemple, il a attendu plus de dix heures en studio sur une prod et a scratché à genoux comme un dingue, par manque de place.

Tu diriges aussi bien les prods que les textes. Comment fonctionnes-tu au niveau du travail de sample et de musicalité ?

Je bosse sur MPC, mais à la base, je possède pas mal de samples sur MD. J’ai une quantité infinie de samples sur Minidisc, qui sont piochés ça et là et que j’utilise à ma guise. J’affectionne particulièrement le travail rythmique et mélodique à partir de boucles, d’où le rapprochement avec Mf Doom que j’ai invité en featuring sur un morceau pour le maxi Depuis que j’etais enfant / Sous le signe du V. J’adore son approche musical. En même temps, je m’échappe du carcan hip-hop avec quelques thèmes musicaux faits de nappes et de samples qui évoquent une certaine vision que j’ai de la musique. Cela part donc dans plusieurs directions…

En parlant de Sous le signe du V, un morceau 100% versaillais au niveau des compositeurs, comment s’est passé la relation artistique et la rencontre avec JB Dunckel du duo Air ?

Dunckel est un vrai professionnel. Il n’a pas pris mon morceau à la légère. Il a bossé plus de dix heures sur la prod de ce titre. Au départ, il m’avait passé une prod qui ne me satisfaisait pas. J’hésitais à la refuser. J’avais du mal à me dire : « Je vais refuser une prod d’un mec de Air ». Mais finalement, j’ai refusé l’instrumental qu’il ma donné en premier lieu. Il a totalement compris. Il a refait une prod et c’est parti. On est rentré en studio et on a bossé à fond. Il a une approche du son qui me convient parfaitement.

Sur cet album, on retrouve également des morceaux connus comme Baise les gens par exemple. Pourquoi avoir posé ces titres sur cet album qui sort cette année ?

Tout simplement parce que pas mal de personnes connaissent ce titre, mais seront sûrement heureux de le retrouver sur format long. De plus, Baise les gens est un des piliers de la période pendant laquelle j’étais en composition artistique barrée, cette période où tu deviens artiste sans t’en apercevoir. De surcroît, il y a un public qui va découvrir mon travail et qui ne connaît pas forcément ce type de titre. Cela aurait été dommage d’évincer ce morceau. En même temps, les titres connus sont très minoritaires sur l’album, qui contient 18 plages…

Effectivement, l’album est truffé de bonnes surprises et de dérives sémantiques fraîches, comme sur le titre De l’amour à la haine, placé comme un couteau en plein milieu du cœur de l’album…

Les paroles parlent d’elle mêmes. Et en même temps, il faut lire entre les lignes. C’est la quintessence de mon style sur ce disque. Ce titre est un concentré de mon travail, qui mêle réalité et fiction, qui fait se traverser plusieurs sentiments emmêlés, constituées d’amour et de haine. La vie, en somme.

Propos recueillis par

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