Pour leur septième album, les Gorky’s Zygotic Mynci poursuivent la simplification de leur style, vers une musique folk mélodieuse, épurée et évidente. Perfectionnistes tout en restant spontanés. Interview de groupe.

Le groupe est composé de cinq personnes. On avait 15 ans quand on a commencé à faire de la musique. Quelques années plus tard, on a sorti nos premiers disques sur le label Small Axe. Nous enregistrions avec un magnétophone. Nous avons envoyé une cassette à un Dj gallois qui nous a proposé d’enregistrer une session radio, et ç’a été nos premiers morceaux enregistrés. Le personnel a pas mal changé depuis.

Vous faites un peu figures de vétérans dans la scène de rock indé….

On se sent pas vieux. Nous avons changé, et heureusement. Notre musique est plus liée à la notion d’espace aujourd’hui. On travaillait beaucoup en studio au début. On aime toujours enregistrer en studio, mais plus de manière live désormais, avec tout le groupe en même temps. Pour cet album, les bases sont live, avec cinq personne, au bout de quelques prises. C’est plus excitant pour nous et pour l’auditeur.

Les derniers albums semblent plus folk, plus simples.

Oui, nous essayons d’utiliser la simplicité comme un outil, de la même manière que nous pouvions utiliser le studio. On s’est rendu compte que rajouter plusieurs couches d’harmonies pouvait nuire à la chanson. On peut faire du rock arrangé ou des chansons de feu de camp douces et acoustiques. Avec le temps, nous avons su explorer toutes les facettes.

Vous êtes aussi connus pour vos chansons en gallois. Et là, il n’y en pas.

Non, nous avons choisi les chansons qui nous plaisaient le plus et aucune n’était en gallois, même si nous en composons encore. Mais c’est vrai que nous avons pris l’habitude de les écrire en anglais. C’est toujours dur d’écrire des textes, mais encore plus en gallois. On communique en gallois entre nous, mais on sait qu’on touchera plus de gens en chantant en anglais. Même si ce n’est pas forcément vrai. Et puis, on a pris l’habitude de beaucoup parler en anglais, et finalement les deux langues ont tendances à se mélanger. Il nous arrive même de parler anglais en pensant gallois.

Vous semblez être un groupe très soudé, très proches les uns des autres. Est-ce que vous pensez que la musique, avec ces choeurs ses harmonies, reflète en un sens votre petite communauté ?

Le processus de socialisation au sein d’un groupe de rock est primordial. Beaucoup de groupes perdent leur créativité en s’éloignant les uns des autres, en ne se retrouvant plus que pour les sessions d’enregistrement par exemple. Nous sommes effectivement tous très proches les uns des autres, ainsi que d’autres gens extérieurs au groupe, qui peuvent nous rejoindre par moments, et notre musique est sans doute plus facile à faire grâce à ça. L’amitié rend les choses plus agréables, nous sommes détendus entre nous, et ca doit s’entendre dans la musique, forcément.
La chanson Can Megan est écrite par Megan. C’est assez rare de mettre son prénom dans le titre. Comment ça se fait ?

Je ne trouve jamais de titre pour mes chansons. Et Can signifie « chanson » en gallois. On avait pris l’habitude de l’appeler comme ça lorsqu’on la répétait et finalement on l’a gardé.

Et Cristina parle de quelqu’un en particulier ?

Non, c’est un personnage inventé. Même si elle est très douce, la chanson parle de meurtre en fait. Mais ce n’est pas autobiographique. Pas encore (rires).

Pourquoi ? Dans le futur peut-être ?

Oh, peut-être… (rires)

C’est un album plus folk et plus lent que vos précédents. Vous êtes d’accord ?

Oui, c’est vrai qu’il y a plus d’éléments folks, mais il y a d’autres choses aussi. On ne sait pas tellement comment définir notre musique. Beaucoup disent que ca sonne 60’s-70’s, mais ce n’est pas vrai non plus. Il y a de la guitare acoustique, mais ce n’est pas Simon & Garfunkel. Par contre, c’est vrai que chaque nouvel album est plus lent que le précédent. On a commencé en faisant du punk rock et maintenant on fait des chansons vraiment très douces. Le fait d’enregistrer live aussi doit déterminer de plus en plus cette direction, parce qu’on est beaucoup plus attentifs, beaucoup plus précautionneux, et on préfère jouer les morceaux doucement et lentement histoire de les ressentir plus intensément en live. Cependant, si les chansons sont moins rapides, nous travaillons toujours les mêmes structures harmoniques, des constructions qui nous sont propres, qui sont un peu notre style.

Vous changez d’instrument sur scène. C’est une attitude très punk…

Musicalement, nous n’avons pas grand chose à voir avec le punk, mais notre attitude vient de là. C’est l’idée qu’il n’y a pas de règles, pas de limites. On n’a pas d’idées précises sur la façon d’enregistrer un album. L’ingénieur du son qui travaillait avec nous m’a dit un jour : « Tu ne peux pas faire ça », comme si c’était impossible de changer un peu les habitudes…

Qu’est ce que vous écoutez ? Vous avez joué avec Stereolab, est-ce encore un groupe dont vous vous sentez proches ?

Non, je ne crois pas, même si on apprécie leur musique, la nôtre est quand même éloignée. En général, on peut être inspiré par des attitudes plus que par des parties musicales. Mais quand on est tous les cinq en studio, le monde extérieur n’existe plus vraiment.

Propos recueillis par

Lire notre chronique de How I long to feel that summer in my heart