Etendard jeunot d’EklerOshock, DATA surgit de nulle part, ou presque, prouvant avec un maxi fulgurant que le format vinyle n’est pas encore foutu, malgré les mauvaises ventes actuelles du microsillon. La concurrence est abrupte, tout le monde se bousculant au portillon sournois d’un raz de marée français qui fait souvent plaisir à entendre, mais pas forcément à voir en live ou à rencontrer. On citera pêle-mêle France Copland, Justice, Oizo, Fuck A Loop, Krazy Baldhead, Feadz, Jackson, Dat Politics, Vitalic. Malgré cette vilaine compétition, Guillon ne lâche pas l’affaire et entend continuer sur sa lancée. DATA voué à un avenir prometteur ? On en prendrait presque le pari les yeux fermés… Première interview d’un jeune artiste surprenant.

Chronic’art : Comment as-tu commencé ?

DATA : J’ai commencé à l’age de 5 ans par le piano, pendant cinq ans. Ensuite, j’ai tâté pleins d’instruments, à l’adolescence j’ai un peu délaissé tout ça, j’étais genre « stricly hip-hop ». Je me suis acheté des platines à 16 ans, et je suis revenu au piano ensuite, puis l’ordinateur il y a un an et demi. C’est assez jeune pour moi l’ordinateur en fait.

Comment s’est faite la connexion avec EklerOshock ?

MySpace !

Tu fais partie d’une nouvelle scène electro française, que certains journaleux qualifient de « post-French Touch », quels sont les artistes avoisinants dont tu apprécies le son ?

Je trouve que Oizo et Justice sont vraiment hyper hyper forts…

Wilfried Paris de Chronic’art m’a fait cette remarqueà propos de ta musique : « Ca fait un peu trop Daft Punk, non ? ». Que penses tu de Daft Punk et de cette remarque ?

C’est la 300 millième fois que j’entends ça, et, au final, je crois que ça me fait limite plaisir. Je préfère être associé à mon groupe préféré plutôt qu’à rien… Daft Punk, ça a vraiment été le premier truc qui m’a marqué et qui m’a fait me demander ce qu’était la musique électronique « accessible ». En toute honnêteté, je n’ai pas le recul nécessaire pour m’en rendre compte, et mon but n’est pas de faire du Daft Punk. Mais c’est clair que niveau mélodies et harmoniques, j’ai été marqué par les Daft, mais surtout par les gens qui ont marqués les Daft : la variet pop Billy Joël et Elton John des débuts, des trucs de funk, les mélodies qui sont au final la base des musiques populaires…

Sur quel type de matériel travailles-tu ? Connais tu le solfège ?

Je sais jouer du piano. Mais en général, je m’intéresse plus aux synthés. Je travaille exclusivement sur ordinateur, en samplant mes boites à rythmes ou mes synthés parfois. Mais l’ordinateur me sert vraiment de centre de production. Le solfège, j’ai appris, mais je pense que je ne m’en souviens plus.
Tu démarres fort avec un maxi accepté par la critique et un bon nombre de Dj’s. Quels sont tes prochains ? Un maxi puis un album ? Ca te fait flipper le format album ?

Un second maxi pour cet hiver, et je me suis déjà mis dans la tête l’idée d’un « album ». Pour l’album, quand, je ne sais pas, ça me prendrait pas mal de temps quand même, j’espère en 2007. Le long format, ça ne m’avait jamais traversé l’esprit jusqu’a ce qu’on rencontre des gens intéressés pour le sortir en licence ; j’avoue que je n’y avais même pas songé, et sur le moment ça m’a fait hyper peur. Ce sera assez différent, enfin, surtout bien plus travaillé et propre. Ce sera un peu musique de film, balade pop, techno, et funk électronique.

Combien de temps as-tu mis pour réaliser un morceau comme J’aime pas l’Art ? Peux tu nous parler de la non-performance que tu as samplé dans ce morceau ?

J’aime pas l’Art a du me prendre trois heures. Il est fait sur un logiciel démo, je n’avais qu’un ordi familial pourri, chez mes parents, impossible d’installer un vrai logiciel. Bref, il est plein de bidouillage, et a cause d’un crash disque dur, la version sur disque est un MP3 sauvé de justesse… Et donc le sample, c’est une performance de Grem’s, dans une expo a Beaubourg, où son taff était de faire croire qu’il n’était pas invité, que c’était une caillera de base qui ne comprenait rien a l’art, et, accessoirement, de foutre la merde. J’ai trouvé la vidéo mortelle, marrante, j’ai samplé cette phrase en essayant de pas trop tomber dans l’humour « Brice de Nice », et voilà…

Combien de temps travailles-tu sur un morceau en général ? Sur quelle base pars-tu ? Ligne de basse ? Synthé ? Une petite mélodie ? Peux tu nous expliquer la genèse de ton travail ?

Je ne suis pas vraiment un ordre particulier. Ca peut partir du beat auquel je vais rajouter trois trucs, puis tout va s’enchaîner, ou du reste. Le plus souvent, je trouve une petite mélodie sur laquelle la ligne de basse et tous les autres sons vont s’articuler. Mais c’est à partir du moment où tu sens une homogénéité dans le son, quand tu sens que tout semble proportionné, que ça commence à décoller.Propos recueillis par

Voir notre chronique de Trop laser Ep.
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