Séquences courtes et répétitives montées en boucles, où les photographies sont absentes, Shot est un livre qui échappe aux définitions classiques du genre et soulève quelques questions : sur le temps, le corps, le pouvoir des médias sur nos perceptions, l’écriture et les matériaux utilisés pour sa réalisation. Patrick Bouvet l’a écrit et Cédric Scandella, graphiste, s’est chargé de l’agencement typographique. Aujourd’hui, l’intervention de Patrick Bouvet. A suivre…


La démarche

Patrick Bouvet : j’ai commencé Shot en pensant l’écrire comme In situ. Après quelques semaines de travail, j’ai senti que quelque chose ne fonctionnait pas. J’ai compris que chaque « photo » devait se retrouver seule sur la page, au risque de rompre le rythme qui caractérise mon travail. Ce dispositif s’est imposé de lui-même.

L’écriture

Notre façon de penser, d’écrire, de s’exprimer est contaminée par les médias, le discours publicitaire, le commentaire « people » des événements. Ecrire à partir de phrases, de fragments « empruntés » n’est finalement pas si éloigné d’une écriture personnelle.

L’art dans la vie

Je suis un enfant du XXe siècle ; le ready-made, le collage, le cut-up, le corps comme déchet industriel (Shoah), le corps collectif pulvérisé (Hiroshima), la télévision, etc. Quel est le résultat de tout ça ? Quel individu, quel produit suis-je devenu ?

Les enjeux

Avec In situ, j’étais dans le « direct live » ; avec Shot je rembobine la bande de ces cinquante dernières années pour essayer de comprendre ce qui se joue aujourd’hui. Un livre ne change rien au monde, mais il peut naviguer à contre-courant et laisser quelques idées dans les esprits restés ouverts.

Propos recueillis par

Shot, Editions de L’Olivier, 79 F, 110 p.

Lire l’intervention de Cédric Scandella