Very Bad Cops ne lèvera pas les quelques réserves que peut inspirer, ici et là, le genre du Ferrell movie. Non que Ferrell lui-même ne soit un excellent comique (et un excellent acteur) : il suffit de voir ses morceaux de bravoure du Saturday Night Live ou ses diverses prestations aux Oscars pour se convaincre de son talent burlesque. Seulement voilà : les films, eux, n’ont jamais paru tout à fait à la hauteur. Le talent de Ferrell et de ses acolytes (John C. Reilly en tête) portait certes assez haut une gaucherie et une forme de premier degré vraiment touchante ; pourtant on n’a jamais réussi à se défaire vraiment de cette impression qu’il leur manquait quelque chose, un scénariste capable d’accélérer et d’affuter tout ça, de hisser les films plus haut que le terrain potache où il s’ébrouaient avec un indéniable entrain (mais ils n’étaient pas les seuls : il faudra vraiment dire un jour le génie d’un Braqueurs amateurs, par exemple). Frangins malgré eux en 2008 (le meilleur, sans discussion) avait constitué une avancée considérable, le burlesque des corps ouvrant sur une dimension existentielle assez bouleversante. De ce côté, et même si sur un plan purement comique, il est un relativement bon cru,Very Bad Cops  opère un retour en arrière complet.

Le film vaut surtout pour le personnage de Ferrell,gratte-papier à l’humilité non feinte accueillant chaque nouvelle rebuffade d’un sourire inamovible, et qui se révèle pourtant un homme à femmes insoupçonnable, un ancien pimp reconverti… Ce qui est effectivement assez frappant, c’est qu’on n’est jamais uniquement dans le coup de force scénaristique : l’acteur est suffisamment multiple pour nous faire croire à la réunion (improbable) de ces différentes facettes et composer, au final, une figure comique pleine et étonnante. A côté, Mark Wahlberg joue les faire-valoir et se contente de mimiques légèrement ahuries – c’est un excellent acteur par ailleurs, mais décidément la comédie ne lui va pas très bien – tandis que la géniale Eva Mendes est encore une fois sous-employée. Steve Coogan et Michael Keaton, en revanche (pourquoi le voit-on si peu ?), campent avec un certain talent des personnages secondaires plutôt bien sentis. Et le film, alors ? Il est seulement drôle, souvent inventif, mais sans tirer grand-chose d’un point de départ pourtant porteur (la revanche des sans-grades sur les héros, en gros). On rit, donc, et c’est toujours ça de pris, mais il est peut-être temps, pour le Ferrell movie, d’opérer sa mue – en somme, de grandir un peu.