Ce qu’il y a de formidable avec ce genre de gros navet gluant hollywoodien, c’est que le titre révèle à lui seul tous les secrets du film. Les grosses productions américaines ne fonctionnant plus qu’à partir de « recettes dramatiques » dont les stricts dosages établis ont fait leur preuve en matière de rendement (avec un taux de réussite maximal sur le cheptel américain), il suffit de savoir pour quelle gamelle est calibré le film afin d’en deviner instantanément le contenu. Le titre nous y aide : il fonctionne à peu près comme une pancarte de supermarché et nous indique dans quel rayon nous nous situons. Ici, pas l’ombre d’un doute : Une Bouteille à la mer, titre assorti d’une petite niaiserie du genre « quelque part, l’amour nous attend », nous situe d’emblée au rayon « mélo puant ». A partir de là, vous pouvez sans problème reconstituer le film dans votre tête, sans vous donner de migraine, ni dépenser un sou.

Sur une plage une femme découvre un mot dans une bouteille/il s’agit d’une lettre d’amour/un homme l’a écrite/la lettre s’adresse à la défunte épouse de l’homme/elle tombe sous le charme de la lettre, cherche à en retrouver l’auteur/elle le retrouve, ils tombent amoureux l’un de l’autre/alors qu’il commence à faire le deuil de son ex-femme et reprend goût à l’amour, il meurt/fin. Et après ? Hé bien, si vous le souhaitez, on peut s’amuser à prévoir l’impact du film et sa durée de vie : comme il fourmille de stars, il attirera les foules, sera projeté partout, et sombrera dans l’oubli au bout de trois semaines, après avoir fait un très joli score au box-office, et… De quoi ? Le reste, l’essentiel ? On va faire bref. Le cinéaste : inexistant ; les acteurs : insipides et désabusés (même le vieux Paul) ; la mise en scène : télévisuelle ; la promo du film : sensationnelle. Tout cela, vous le savez, car ce film, vous l’avez déjà vu maintes fois. Que les produits hollywoodiens aient leur place quelque part entre le poulet aux hormones et le maïs transgénique, cela n’est une nouveauté pour personne ; par ailleurs, ça devient vraiment fatiguant.