Together. Curieuse traduction « française » pour Tillsammans, un titre qui signifie en suédois « tous ensemble ». Oserons nous y voir une roublardise marketing (voir l’affiche au design tendance déconnade rosbif second degré) qui lorgne vers le succès commercial des récurrentes âneries anglaises ? Together prend d’ailleurs lui-même des airs d’outre-Manche par son ton populaire et son humour à la fois cynique et compatissant. Comme si on n’avait déjà pas assez des Anglais sur le créneau des comédies prolos lourdingues. Un ton qui fini par être franchement agaçant tant les échecs répétés du genre semblent le condamner sans appel.

Lucas Moodysson, déjà auteur d’un premier film à succès avec Fucking Amal, a choisi de replonger dans les années 70, les années hippies, celles que l’on aime haïr tant l’échec cinglant des rêves de fraternité qu’elles ont porté a définitivement mis à jour l’individualisme humain. Ici, une mère battue par son mari alcolo va découvrir la vie d’une communauté et les multiples conflits et hésitations qui la perturbent. Sur le sujet, Together écarte l’écueil d’une intolérance rétroactive, toujours délicate à manier car un peu trop aisée. Si l’aspect galerie de personnages typés n’est pas toujours évité et que la caricature comique flirte souvent avec la facilité, l’affrontement attendu individu/groupe n’y est pas trop systématique et, sans être dupe, le cinéaste laisse quand même une petite chance à l’utopie collectiviste et aux errements individuels.

Ainsi, le piège d’un discours réac évité (de justesse : voir comment est traitée la jeune femme qui met en pratique la théorie de l’amour libre), la réalisation clinquante et aléatoire compense même ce regard a posteriori, forcément ironique. Car finalement, les cadrages rapprochés caméra à l’épaule (pour leur effet esthétique dans le vent ?), agrémentés de zooms avant brutaux (en hommage aux séries télé de l’époque?) et de fondus au rose, poussent à la sympathie du fait d’une certaine proximité avec l’optimisme incertain qui anime les personnages. D’ailleurs, le décorum un peu « too much » du film, les tapisseries aux couleurs criardes et les tissus à carreaux, les madeleines musicales ou visuelles (l’incontournable Abba, les émissions que l’on devine cultes), enfoncent le clou et placent le spectateur face au mirage éblouissant des babas suédois. Together divertit tout en évitant l’overdose d’évidences. C’est déjà pas si mal.