Confirmation : le cinéma américain grand public est en train de glisser vers une dépression nerveuse. Nouveau symptôme avec ce Weather man, qu’on craignait comme une énième comédie familiale ou success story où un loser sur qui toutes les tuiles pleuvent finit par redresser les épaules avant de retrouver un statut de héros américain ordinaire. Tout faux : le film de Gore Verbinski prend le pari de laisser le baromètre de son film dans une zone de basse pression autour d’un Patrice Drevet yankee en pleine crise de milieu de vie incapable de raccrocher les morceaux de sa vie privée qui prend l’eau de tous côtés. Et de l’enfoncer quand, au lieu de lui jeter des bouées, les gens qu’il croise dans la rue lui balancent à la gueule leurs canettes de Coca, leurs cartons de BigMac. Ca se passe comme ça chez Verbinski : de La Souris au remake de Ring en passant par Pirates des Caraïbes, le cinéaste le plus sous-estimé de la nouvelles génération hollywoodienne prend son pied à dynamiter les genres, a retourner dans le bon sens les vestes des blockbusters. The Weather man refuse de se mettre aux normes sans être gratuit pour autant, offrant une étude de caractères riche, complexe, pas éloignée de celle des films de Bob Rafelson ou de Jerry Schatzberg du milieu des 70’s, celle qui ne visait jamais à adoucir les angles où ils cognaient leurs personnages. Ce qui va plutôt bien à Nicolas Cage, rival de Bill Murray pour être le nouveau Droopy -quoiqu’un peu bavard, surtout en voix off- du cinéma américain, ici en antithèse absolue d’un récent Family man de triste mémoire, dont The Weather man est un reflet inversé, tombant le masque de l’irrésolue satisfaction populaire du premier mandat de Bush Jr pour l’envoyer reprendre un Prozac, préférant le climat rugueux de Chicago à l’habituel soleil sur New York.

Malheureusement, les distributeurs faisant la pluie et le beau temps sur les films, il est à parier que cette bonne nouvelle américaine passe particulièrement inaperçue, la Fox ayant décidé de n’offrir à un film loin du formatage de rigueur qu’une sortie technique (une dizaine de salles en France et un enterrement discret). Une tendance aussi inexplicable qu’actuellement très prisée. Après le joli Terrain d’entente des Farrelly, c’est la deuxième fois en un mois que la Fox prive volontairement les spectateurs d’une occasion de voir un cinéma différent, plus honnête que le tout venant habituel. Triste nouvelle : les grenouilles de bénitier du marketing des films ont plus la côte que celles de la météo…