Après un détour par la case Besson pour Le Baiser du dragon, navrant pastiche de film d’action made in Hong Kong, Jet Li poursuit sa carrière américaine, bien décidé à étendre au monde entier son statut de star. Avec The One, Jet trouve enfin l’occasion dans le cinéma occidental de conjuguer interprétation dramatique et exploits techniques. Pourtant, le film de James Wong n’est pas toujours à la hauteur de son ambitieux interprète.

On attendait en effet beaucoup du duo James Wong-Glen Morgan (producteur et scénariste du film), à l’origine d’un des scénarios les plus originaux d’Hollywood avec Destination finale, leur premier long en commun. D’une plus grande ampleur, The One plonge son héros dans les affres des univers parallèles. Partant de la théorie que plusieurs mondes co-existent avec dans chacun un double de notre personne, le film met en scène la course poursuite à travers le « multivers » de l’agent Law à la recherche de ses incarnations qu’il élimine pour s’emparer de leur énergie. Fort de plusieurs assassinats, Law a acquis des pouvoirs surnaturels qui font de lui un combattant surhumain. S’il parvient à tuer son dernier double, en l’occurrence le gentils policier Gabe, il deviendra l’être absolu, l’équivalent d’un dieu. A la lecture du synopsis, on comprend bien ce que Jet Li a pu apporter au film grâce à sa maîtrise des arts martiaux et son agilité virtuose. Coordonnées par Corey Yuen (chorégraphe attitré de la star dont il accompagne la carrière internationale depuis L’Arme fatale 4), les scènes d’action raviront les amateurs du genre et ce d’autant plus qu’elles sont agrémentées d’effets spéciaux de toute beauté. Si ces derniers s’inspirent pour la plupart des procédés déjà à l’oeuvre dans Matrix, on appréciera quand même la désintégration en particules des corps lorsqu’ils s’engouffrent dans les couloirs spacio-temporels qui permettent de passer d’un univers à l’autre.

Malgré sa virtuosité technique, The One a cependant bien du mal à se dépêtrer d’un scénario trop carré dans lequel manque une certaine dose de fantaisie et de second degré. Passant trop rapidement sur les conséquences passionnantes de l’histoire -en tuant ses autres lui-même, Law est-il vraiment un assassin ?-, le film se restreint à la classique lutte entre le bien et le mal. On aurait aimé que les idées délirantes des auteurs acquièrent à l’écran une existence bien plus intrigante. Comme Ghosts of Mars de John Carpenter, avec qui James Wong semble partager le goût prononcé pour le heavy metal, The One est un western futuriste qui fleure bon la série B.