Prenez Lassie. Expédiez-la dans une espèce de croisement improbable entre les films des frères Farrelly et les comédies policières sur la Mafia et vous obtiendrez Spot. Soit l’un des plus beaux nanars de l’été, « énaurme » et ringard, tellement poussif que l’on finit même par se demander si tout cela n’est pas volontaire, si le réalisateur n’a pas cherché à dynamiter de l’intérieur cet étrange produit.

Car, malgré les pseudo-tribulations policières, malgré l’humour zizi-pipi-caca (surtout caca d’ailleurs), malgré le F.B.I., Spot ne raconte rien d’autre que la naissance de la famille américaine, en bonne et due forme, avec le papa enfin responsable (David Arquette, plus vrai que nature en imbécile heureux), la maman -occasionnellement bombe sexuelle- enfin gentille, le garçonnet enfin épanoui et le clébard enfin joueur. Que cette recomposition puritaine passe par des turpitudes plus ou moins trash ne change rien à l’affaire : il y a là un bon fond moral, finalement très sage, qui explique sans doute que Spot ne pète jamais complètement les plombs. On se vautre dans la merde, on hurle comme des crétins devant du foot américain, on pète, on rote, on pue et on en est fier, mais ça ne va pas plus loin… Et quand cette fine équipe s’en prend aux handicapés (des sourds-muets incapables de se faire comprendre), c’est avec moult pincettes, l’air de dire : « Oui, on va loin, oui on transgresse des tabous, mais non on ne veut pas rater le prime-time à la téloche. »

Et pourtant, à bien y regarder, il y a quelque chose d’assez dérangeant, voire de choquant, dans le film de John Whitesell. Mine de rien, le scénario de Spot est construit sur un parallélisme curieux entre le gamin et le chien, qui s’épanouissent en même temps, pour les mêmes raisons. L’un s’affranchit des règles strictes mises en place par sa maman (on ne joue pas avant de manger, on n’avale pas de sucre ou de matières grasses, on se coiffe bien, etc.), l’autre rompt, pour le plaisir du gosse, avec le règlement drastique édicté sans relâche par son maître-chien de propriétaire. De là à conclure qu’en matière d’éducation, il en va des clebs comme des mioches…