Ce premier long métrage de l’excellent réalisateur de courts métrages François Ozon, a été devancé par sa réputation. Film coup de poing pour les uns, esbrouffe et frime pour les autres, tous l’attendaient lors des projections à Cannes dans le cadre de la Semaine de la critique. Le thème de la famille a effectué un retour remarqué dans plusieurs productions françaises, mais là où elle tente de rester unie dans Dis-moi que je rêve, trouve le bonheur malgré tout dans Laisse un peu d’amour, vit avec des tensions permanentes dans Ceux qui m’aiment prendront le train, ici, dans le film d’Ozon, elle reçoit, disons, un bon coup de pied bien placé.

Sitcom met en scène une famille bourgeoise, dont les notions de normalité vont complètement se modifier par l’introduction dans la maison d’un rat, acheté par le père. L’étudiant timide devient homosexuel et organise des partouzes discrètes dans sa chambre, la fille devenue handicapée suite à une tentative de suicide se livre à des pratiques sado-masochistes avec son ami qui, lui-même connaît une courte relation avec la bonne, la mère couche avec son fils… Tout cela prendra fin avec le sacrifice du père.

Le propos d’Ozon est clairement perçu et la provocation soulignée atteindrait parfaitement son objectif si nous n’avions un sentiment de déjà-vu. Le discours violemment anti-bourgeois ne trouvera peut-être même pas grâce auprès de ceux qui sont friands de la contestation de l’ordre, de la critique brutale non nuancée, des indifférents au quand dira-t-on. Sitcom déçoit parce qu’il ne porte pas en lui une idée de cinéma, présente dans chaque séquence de Regarde la mer que nous avions défendu. La provocation devient une petite insulte sans conséquence, les rebondissements du scénario s’apparentent à la production intellectuelle de jeunes lycéens tournant un film entre copains « pour se marrer »… Le moins que l’on puisse dire est que l’on ne sent pas du tout de jubilation dans la réalisation du film et que le cinéma en est cruellement absent, mais l’on me rétorquera que ce film se nomme Sitcom… Soit.