Mtich Preston (De Niro nouvelle manière, en comique-bougon) est un flic ordinaire et sans histoire, à mille lieux du héros de film d’action. Alors qu’il est sur le point de piéger une bande de dealers, Try Sellars (Eddie Murphy), un flic dilettante et frimeur rêvant de devenir star de télé, fait capoter l’arrestation en ramenant sur place une équipé télé. Furieux, Preston tire sur la caméra d’un journaliste, et son geste de colère fait la une de tous les journaux. Une productrice aux dents longues (Renée Russo), va chercher à en faire le héros d’une émission de télé-réalité, Showtime, montrant en direct le travail d’un flic ordinaire. Try Sellars cabotine tant et si bien qu’il obtient le rôle du co-équipier…

Parodie efficacement calibrée, Showtime vise à la fois l’image rutilante du flic de choc et la perversité d’une télévision capable de s’incruster dans une vie ordinaire pour tout y plier aux règles de l’audimat. Preston est malgré lui façonné en flic nerveux et intransigeant à la Serpico, sa colère étant finalement récupérée par les médias comme une conduite légitime et exemplaire. Sellars, campé par un Eddie Murphy très en forme, incarne le processus inverse : acteur du dimanche, il considère sa carrière de flic comme un tremplin pour décrocher le rôle de sa vie. Joli tandem, sur un scénario ouvrant la voie à tous les délires et les spéculations sur les rapports entre l’action réelle et l’action simulée. Or plusieurs choses empêchent Showtime de décoller : une écriture plate émaillée de blagues convenues, l’auto-dérision routinière de De Niro, une mise en scène très appliquée et sans idées. Dommage, il s’en serait fallu d’un peu d’audace pour que l’on se prenne au jeu de ce divertissement, qui ne donne pas l’impression de jouer ses nombreux atouts. Showtime se contente d’être une comédie très sage et rangée dont les bons gags se comptent sur les doigts d’une main.