Avec ses ciels éclatants au bleu retouché numériquement et ses interprètes au physique impeccable, Samsara peut se targuer d’être l’archétype du film bobo. Tourné au Ladakh, région perdue au fin fond de l’Inde dominée par la religion tibétaine, le film n’est rien moins qu’un joli dépliant touristique aux images léchées destiné à vanter la beauté de ce pays Privilégiant les plans d’ensemble, le réalisateur Pan Nalin ne manque pas une occasion d’insérer ses personnages au sein de décors grandioses -champs de blé à perte de vue, falaises panoramique, etc. Cet effort pour magnifier systématiquement un paysage qui n’en a pas vraiment besoin devient au final carrément ridicule stigmatisant le manque de simplicité et l’artificialité de l’entreprise. Mais de quoi s’agit-il au juste ? Samsara raconte l’histoire du jeune Tashi, moine tibétain sexy tenté par les plaisirs de la chair. Pourtant Tashi est motivé -il a passé trois ans au fond d’une grotte en état de transe-, mais rien n’y fait, et chaque nuit ses fantasmes lubriques l’assaillent. Dénoncé par son compagnon de chambre, Tashi se voit imposé un ultimatum : il doit choisir entre la vie spirituelle et la vie matérielle.

Depuis quelque temps déjà, en gros depuis que la société de consommation a atteint son plein régime, la religion tibétaine fascine les Occidentaux lambdas culpabilisés par leurs penchants matérialistes et les stars stressées en quête de spiritualité (Richard Gere, Séverine Ferrer…). C’est à eux que le film est destiné : on y vante les mérites de la nourriture bio, de l’exercice en plein air, des vêtement conçus artisanalement, le tout sur fond de world music digne d’un spot publicitaire pour les déodorants Ushuaïa. Pour le reste, bien malheureux seront ceux qui chercheront une quelconque démarche de cinéma dans cette fable aseptisée qui se garde soigneusement de prendre quelque risque. Aussi placide que le visage bonhomme de ses interprètes, Samsara ravira les amateurs de dépaysement confortable, ceux qui n’ont pas manqué d’acheter leur « Terre vue du ciel »…