Est-il possible de refaire le même film à l’infini, d’user un genre jusqu’à plus soif, de récupérer des signes qui ont perdu tout impact à force d’être exploités ? L’histoire du cinéma nous a démontré maintes fois que oui. A destination des derniers sceptiques, Resurrection constitue une preuve supplémentaire et incontestable. Lorgnant vers quelques titres récents ayant donné ses lettres de noblesse au film de serial killer, Russell Mulcahy et son équipe méritent haut la main le grand prix de la pompe. Seven est le premier à subir ce pillage sans vergogne : même pluie incessante, mêmes cadavres déchiquetés parsemés d’indices à décrypter, mêmes types de meurtres empreints de mysticisme. Les similitudes ne s’arrêtent pas là, et l’on retrouve également dans Resurrection un gentil duo de flics, une caméra affolée, une photo sombre et souvent nocturne. Alors, pour camoufler un minimum la filiation, le scénariste a modifié comme il pouvait les données du récit. Pas grand-chose, juste de quoi éviter les procès. Par exemple, notre tueur en série ne reconstitue pas les sept péchés capitaux, mais tente de recomposer le corps du Christ avec les membres de ses victimes afin que, le jour de Pâques, le fils de Dieu ressuscite !!! A noter que ce brillant postulat de départ est dû à Christopher himself, qui ne se contente plus de (mal) jouer, mais, désormais, pense (voir l’affiche du film sur laquelle l’acteur prend une pose à la Rodin, peut-être en quête d’une nouvelle idée, mimant de toute façon l’intelligence avec une crédibilité déconcertante).

Avouons-le tout de même : malgré sa malhonnêteté crasse et sa connerie profonde, Resurrection demeure un thriller efficace. Mulcahy démontre une fois encore qu’il est l’un des meilleurs bourrins du cinéma contemporain, et on ne l’avait pas connu aussi inspiré depuis ses débuts (Razorback, Highlander). Bien sûr, sa mise en scène ne vaut que pour l’immédiateté de ses effets (mouvements épileptiques = violence ; figures imperceptibles = peur), mais elle a au moins le mérite de la cohérence, aussi basique soit celle-ci. De plus, le méchant est bien typé, la révélation de son identité surprenante, son masque assez flippant ; le rythme, quant à lui, ne faiblit pas ; les morts sont bien maquillés et Christopher nous gratifie de quelques mots en français. Que demande le peuple ? Rien de plus qu’une mécanique bien huilée. A défaut d’une identité véritable, le contrat est plutôt correctement rempli.