Le scénario de Rencontre avec Joe Black part d’une idée intéressante ou tout du moins originale. La Mort (Brad Pitt) décide de goûter à la vie et choisie comme guide un vieil homme riche (Anthony Hopkins) qu’ « Il » maintiendra en vie (car la Mort est un homme cela est bien connu) jusqu’à ce qu’ « Il » devienne fatigué de cette expérience douteuse. Mais la Mort va tomber amoureux de la fille du vieil homme riche et prolongera son séjour; ou plutôt refusera de partir sans l’objet de son désir. Voici comment, en quelques lignes, on pourrait résumer cet impitoyable mélo de trois heures. Le principal défaut de Rencontre avec Joe Black est d’être gros comme son personnage principal. Car si le spectateur moyen peut endurer, sans trop de peine, les frasques sentimentales d’un couple embarqué dans un paquebot de luxe, il n’en va pas de même avec les aventures romantiques de la très probable Mort dans notre bas monde. Ainsi la faucheuse n’arrive définitivement pas à éveiller un quelconque intérêt, passée la surprise de la première heure. Cette longueur peu commune n’est pas due, comme on pourrait le supposer, à un énorme contenu, mais bien à la volonté même de Martin Brest qui se fait un point d’honneur à ne pas laisser moins d’une minute entre chaque phrases énoncées, histoire de marquer le coup. Ce procédé, tire-larmes par excellence, devient rapidement insupportable, mais ce n’est rien à côté de la démystification du mythe de la Faucheuse, qui ruine tout espoir d’un soudain regain d’intérêt. Car la Mort n’est autre que l’ultime réincarnation d’un Forrest Gump, ou, pour être poli du Candide de Voltaire. En d’autres termes : oubliez la faux et les crânes, l’idiot du village débarque en ville, avide d’amitié et de beurre de cacahuètes. Autant vous dire que toute une mythologie en prend un certain coup : d’une part celle de la Mort bien sûr, d’autre part celle plus étonnante de Brad Pitt qui est surpris dans un dialogue en anglo-haïtien des plus surréalistes. Quant à Anthony Hopkins, il est toujours vieux, et a toujours la réputation d’être un grand acteur, soit pas beaucoup de surprise. Pourtant force est de reconnaître que le film n’a pas été bâclé, malgré d’innombrables défauts, la chose se tient. Il y a étrangement une certaine cohérence dans tout cela. Ca n’a jamais fait un bon film me direz vous, et vous aurez parfaitement raison mais ceci évite au moins à Rencontre avec Joe Black de sombrer dans la nullité la plus totale. C’est juste un film médiocre.