1964 : en pleine Caroline du Sud, Radio, un jeune black handicapé mental, vit comme une âme errante dans la petite ville de Hanna. Lorsque l’entraîneur de l’équipe de football du coin décide de le prendre sous son aile, Radio devient mascotte officielle de l’équipe, ce qui fait évidemment grincer des dents de tous bords. Bases pourries (reconstitution d’époque, histoire vraie, humanisme gras, manichéisme discount), faiseur plat (Michael Tollin, un nanar à son actif : Summer catch), Radio n’a pas grand chose pour lui, sinon son côté sportswear qui ouvre le bal sympathique des films-cornets de glace d’un été qui tarde à s’affirmer.

On ne peut reprocher au film son académisme naïf, tant il est préférable au cynisme en cours dans bon nombre de teenage-movies. Ici, rien d’autre qu’une fable d’université US gnangnan, avec sa mythologie bien à elle : obsession du résultat et de la performance, méchant bellâtre prêt à tous les coups bas, pom pom girls, retournements de sitcom, vestiaires, bureau du proviseur et cantine comme petits théâtres de la vanité humaine. Comme souvent dans ce genre de produit manufacturé, le film tire ses maigres qualités de son côté laborieux, d’une volonté de bien faire étalée comme une sorte d’excuse à peu de frais : reconstitution d’époque (les années 60), simulation de la tare (Cuba Gooding Jr avec de fausses dents cassées, œil vide et sourire béat), rails bien droits de la fiction humaniste et progressiste de troisième division.

Restent pourtant quelque chose qui ne passe définitivement pas, sans que l’on sache tout à fait quoi : absence de rythme (les matches filmés avec les pieds qui surjouent un suspense inexistant) ? Fumisme de certains tours de passe-passe du scénario (le rocambolesque retournement final des habitants) ? Peut-être, mais plus sûrement, ce qui dérange ici tient dans le fond hautement réactionnaire du projet, entre paternalisme bien rance (le personnage de l’entraîneur interprété par Ed Harris) et simplisme délirant du discours. Radio, on l’aime bien au village, où tour à tour il annonce les repas de la cantine au micro de l’école, court comme un cabris saoul au milieu de l’équipe de football après la victoire, distribue ses cadeaux de Noël aux inconnus. C’est un chic type, avec un cœur gros comme ça. Hors ce statut d’instrument social arriéré (un peu comme les jeune Mongoliens enfants de chœurs, dans les villages les plus reculés), Radio n’existe pas : le film est le récit d’une bonne conscience collective finalement très abjecte.