Pourquoi pas Moi ? est une agréable surprise ; l’on pouvait en effet craindre le pire à l’idée de découvrir la crème des jeunes acteurs français jouant aux homos dans le cadre d’une comédie populaire. La présence d’un Johnny Hallyday entourant ce beau linge n’était pas non plus très excitante, au regard d’une filmographie composée exclusivement de navets hormis Le Spécialiste de Sergio Corbucci et Détective de Godard. De plus, le film démarre assez mal en suivant Camille (Amira Casar), jeune fille à la démarche garçonne et au regard baladeur dont les répliques sont référencées Star Trek et Star Wars. Aïe ! Pourtant, peu à peu, à travers son récit d’un gay et de trois lesbiennes décidant de faire ensemble et dans une grande villa leur « coming out » (c’est à dire, révéler leurs tendances à leurs parents), Pourquoi pas Moi ? va prendre ses marques et nous séduire ; et ce malgré une mise en scène assez plate dont les quelques « audaces » ne sont pas vraiment justifiées (surtout quand les personnages se retrouvent comme projetés dans l’espace filmique entre le début et la fin d’un mouvement de caméra). Première qualité : le film a l’intelligence d’éviter la caricature genre « folles » et « camionneuses », ce qui est certainement une première dans l’histoire de la comédie française abordant un tel sujet. Car Stéphane Giusti est trop proche de ses personnages pour les réduire à des archétypes risibles (même l’affreux paternel incarné par Jean-Claude Dauphin finira par avoir sa chance). Si le spectateur s’amuse ici, c’est toujours avec eux, et jamais de façon condescendante. Pourquoi pas Moi ? transpire l’amour, le désir, la joie de vivre ; et ça fait du bien parce que c’est une démarche devenue rare. Le casting, quant à lui, est assez jouissif, et, outre les comédiens précédemment cités, on retiendra les prestations de Brigitte Roüan, Marie-France Pisier (toujours hilarante et même touchante dans son rôle de bourgeoise maniérée), Elli Medeiros, Assumpta Serna et la géniale Vittoria Scognamiglio (ces deux dernières interprétant Viens m’embrasser, version espagnole, de Julio Iglesias, dans la scène la plus réussie du film). Ces cinq mères sont improbables comme l’ensemble du film (il n’est pas très fréquent, je pense, qu’une mère suive sa fille dans une boîte homo quelques heures après que celle-ci lui ait indiqué ses préférences)… Pourquoi pas Moi ? est davantage du côté de la rêverie, de l’utopie ; et, par là-même, nous réconcilie pour un temps avec le monde.