Enième comédie « anti-divorce », genre depuis longtemps prospère à Hollywood, Potins mondains a pour originalité de réunir un extraordinaire gratin de has-been, sous prétexte de raconter les émois sexuels d’une poignée de jet-seters quinquagénaires. Un casting étonnant, mais louche : on voit mal comment le couple que forment Warren Beatty et Diane Keaton, le tombeur à mâchoire carrée et l’intello new-yorkaise, fédérateur au possible, pourrait être mis à bas…

Porter Stoddard (W. Beatty) est un riche architecte qui, malgré un mariage heureux avec Ellie (D. Keaton), ne crache pas sur une petite coucherie de temps à autre. Tout bascule lorsqu’un couple ami, Griffin et Mona, se brise pour une histoire d’infidélité. Porter, sur un malentendu, couche avec Mona, manque d’être surpris par sa femme, et s’exile avec Griffin à la montagne où l’attend une fille à papa nymphomane (Andie MacDowell). Tout est donc fait pour mettre à l’épreuve sa libido toujours en éveil. Et c’est dans ce but que Potins mondains reprend sans grand effort les recettes les plus galvaudées du vaudeville, et tente d’y apporter un brin de folie et de provocation. Quelques bonnes idées pointent dans le scénario, mais une réalisation molle et surtout une mauvaise direction d’acteurs -Warren Beatty est le plus agaçant, avec ses cabotinages de playboy décrépi- font que cette comédie ne procure aucun plaisir.

Et d’ailleurs, dès le début, ça cloche : il y a étrangement quelque chose de faux, de tronqué dans la représentation des couples. Le film n’explore jamais aucun sentiment, les personnages sont construits selon une sorte de « moyenne » (même s’ils sont de la haute, être riche n’est pas un antidote contre la banalité) et paraissent irréels à force d’être convenus. Quant au discours du film, il ne pose jamais les bonnes questions, et l’on se retrouve avec les poncifs habituels -tromper c’est mal, aimer c’est bien- censés caresser le spectateur dans le sens du poil. En contre-exemple parfait, on ne peut s’empêcher de penser à Maris et femmes de Woody Allen, farce tourmentée sur l’instabilité, géniale analyse de la décomposition d’un couple. Et on se dit que les certitudes que nous assène Potins mondains sont finalement plus douteuses que tous les écarts de conduite.