Assez, assez de ces téléfilms naturalistes, de la DV, de l’exotique social toc, de la glauquitude facile et de la boxe comme défi de mise en scène. Poids léger, c’est la catégorie favorite du jeune cinéma français qui n’a rien à dire, mortifié par la fiction, ragoûté par le rire, l’action ou l’élégance formelle. L’histoire ? Toujours la même. Antoine est boxeur amateur, il souffre. Ses parents sont morts. Sa soeur fait sa vie avec un informaticien merdeux comme toutes les soeurs du cinéma français de la classe moyenne. Elle peut replonger dans le spleen, suffisamment pour qu’Antoine le lui dise en réplique. Pour créer un peu d’étrangeté fumeuse, Antoine gagne sa vie comme croque-mort. En atteste le gros travail de documentation de la caméra qui le suit aux pompes funèbres, entre capitonnage de cercueil, embaumement et crémation.

Antoine n’a qu’un ami. Enfin, un grand frère d’adoption, à la fois faire-valoir et père de substitution. C’est Bernard Campan, pour la énième fois prof de sport et plaqué par sa femme. Malgré tout, Antoine est beau comme James Dean, sa virilité animale et son débit de parole digne de Pascal Olmeta font tomber toutes les filles. Au resto chinois, où son coach l’invite après chaque match, la fille du patron lui lance des perches tellement longues que Campan a tout capté. Alors ils s’aiment, lui petit banlieusard perdu dans la douleur et elle, sirène du quartier chinois attirée par les prolos, ils font l’amour langoureusement, montrent leur peau à la caméra (tatouée et couturée chez l’un, orientale chez l’autre).

Mais l’amour est toujours vache dans le cinéma français. Antoine est mal, il n’en peut plus de triturer les cadavres. Il plaque sa copine, vient pieuter chez Bernard Campan. Flash-back en super huit sur des jeux d’enfants dans de champêtres jardinets avec père moustachu et mère aux fourneaux. Fin de l’exposition. On comprend tout : les métaphores grosses comme des camions, la douleur appréhendée comme un sujet de société chez Delarue. Pas étonnant que le film se termine en province, au soleil tranquille, devant un gâteau d’anniversaire Carrefour et un short de boxe Go Sport en cadeau. Dernière info : le réalisateur de cette « réflexion intense et sensible sur l’adolescence et le deuil, porté par un Nicolas Duvauchelle animal » s’appelle Jean-Pierre Améris.

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