Entièrement conçu autour de la star internationale Gong Li, cette modeste production réalisée par Sun Zhou offre à l’actrice une nouvelle occasion d’interpréter son personnage favori, « la femme chinoise ». La voici en « mère courage de la nation », prête à tout pour que son fils, atteint de surdité, ait une éducation normale. Après avoir subi le mélo sirupeux de Lars von Trier et les efforts de la « christique » Selma pour empêcher son rejeton de devenir aveugle, il faut maintenant se coltiner la variante asiatique, l’originalité du style de von Trier en moins.

Dans la grande tradition du mélodrame, l’identification à l’héroïne est de rigueur. Sun Zhou met donc tout en oeuvre pour que le public vibre et souffre avec la pauvre Sun Liying. Et le cas de la malheureuse est particulièrement chargé : mère célibataire d’un petit sourd, elle est obligée d’accumuler les petits boulots pour subsister et garder auprès d’elle son fils, privé d’école pour cause de handicap. Jugeant cette situation de départ insuffisamment « dramatique » à son goût, le cinéaste réserve alors à notre jolie martyre une succession d’infortunes qui n’auront de cesse de contrarier le désir de la jeune femme de vivre comme tout le monde. Par ordre d’apparition : la mort du père dans un accident de voiture, la perte du précieux appareil auditif (le viol étant évité de justesse). Malgré ces mauvais coups du sort, Sun Liying garde le moral et continue de trimer dur, en bon petit soldat du peuple.

Difficile de ne pas subir le pesant message de ce film de « propagande » dont la finesse de ton rappelle celle de Mao en son temps. Plus fort que le silence s’applique à propager la bonne parole du gouvernement chinois, exhortant la nation à « tenir le coup, même si les temps sont durs ». A partir de là se pose la question de l’intérêt de cette œuvre pour un public occidental. On serait tenté de répondre aucun, mais que les fans se rassurent, la charmante Gong Li est là pour sauver les meubles. Musique lacrymale, gros plans vulgaires, scènes à faire et dialogues convenus (« dis maman, pourquoi suis-je le seul à porter des prothèses ? » ; et la mère de répondre « parce que tu es sourd, tu n’es pas comme les autres ») achevant le travail entamé par un scénario catastrophe.