Succès surprise aux Etats-Unis, Photo obsession, petit film indépendant issu de l’imagination torturée du clippeur Mark Romanek, s’avère tout aussi efficace qu’une grosse machine hollywoodienne. La preuve qu’une débauche de moyens, d’effets spéciaux et de musique tonitruante n’est pas la seule bonne recette pour faire peur. Car ici l’angoisse naît avant tout du trauma dégagé par son interprète principal. Modeste responsable d’un stand de développement photo dans un centre commercial, Sy Parrish (étonnant Robin Williams) est un employé discret dont la timidité maladive confine au malaise. Car Sy a un secret, une obsession maladive pour la sympathique famille Yorkin, symbole de la réussite à l’américaine dont il collectionne le double de toutes les photos. Les événements prennent une tournure encore plus étranges lorsque Sy s’aperçoit que monsieur trompe madame… Porté par un casting efficace (la trop rare Connie Nielsen parfaite en épouse bafouée), Photo obsession fonctionne sur la mise en place de situations desquelles émane un trouble dérangeant. Sans jouer sur des effets dramatiques exagérés, le film déploie une sourde inquiétude temporisée ou accentuée -selon les moments- par l’ancrage du récit dans la banalité du quotidien (le centre commercial américain point névralgique de l’action et autre personnage principal du film).

C’est quand Mark Romanek se montre trop signifiant que le film perd de son mystère et donc de son intérêt. La faute à un traitement visuel trop évident et souvent redondant : voire l’éclairage quasi clinique des lieux de vie du héros censé signifier l’aseptisation d’une vie sans amour ni chaleur humaine. On reprochera ainsi à Photo obsession sa lumière trop soignée pour être honnête emmenant le film vers un univers ultra-stylisé qui convient mal à son sujet : le rêve du héros d’avoir une vie finalement banale. Mark Romanek n’était pas non plus obligé de terminer son film par cette lourde scène explicative dans laquelle Sy confie avoir été violé par son père. Comme si le cinéaste se sentait obligeait au dernier moment de justifier quelque peu les actes répréhensibles de son héros. On préfère de loin quand le film s’attarde sur ses interprètes lors de singuliers moments de flottement comme le retour du mari fautif au bercail. Par cette attention à la dimension humaine de son histoire, Photo obsession se différencie du thriller lambda et peut aussi se lire comme une critique du modèle américain dont le vernis rutilant finit toujours par craqueler.

1 commentaire

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