Peut-être parce qu’elle mise à fond sur son statut indéboulonnable d’actrice préférée des Français ou bien par pure bêtise (voir le mémorable pétage de plomb de la belle lors du Festival de Cannes 99 qui donnait la pleine mesure de son niveau de conscience au monde), Sophie Marceau n’a pas eu peur de doter son premier long métrage du titre le plus niais de l’année. Un titre qui pourrait à lui seul résumer l’entreprise de la comédienne : ne faire sens que dans l’évidence, éviter à tout prix la finesse, lui préférer les cris et les larmes. Largement autobiographique, Parlez-moi d’amour suit la fin tourmentée d’un couple qui ressemble étrangement à celui que formait la réalisatrice avec le cinéaste Andrzej Zulawski. Dans le rôle des clones remplaçants, Niels Arestrup caricature l’ours bourru mais fin lettré et Judith Godrèche mime au geste près le jeu proche de l’hystérie de la Marceau. Du coup, Parlez-moi d’amour ressemble à une sorte d’exorcisation assez impudique d’un passé douloureux de la part d’une actrice qui semble ici régler ses comptes. C’est le côté « Combat de femme » du film où l’on suit le quotidien surchargé de l’héroïne, mère modèle encombrée de trois marmots dont elle tente tant bien que mal de s’occuper malgré un mari entièrement dévoué à son art. On l’aura compris, Sophie Marceau ne craint pas non plus l’avalanche de clichés.

Si le film parvient parfois à trouver une certaine justesse de ton -notamment dans les disputes conjugales en huis clos ou l’organisation de la petite vie familiale qui semblent tout droit retranscrites d’après ce qu’on suppose avoir été le quotidien de l’actrice-, il est hélas dirigé par une réalisatrice qui n’hésite pas à plonger tête la première dans un lyrisme facile et grossier. Celui-ci culmine vers la fin, lorsque l’héroïne se remémore les traumas de son enfance mis en scène lors de flashs-black hallucinants de simplisme : la petite Sophie qui pleure dans son lit le soir parce que son père est parti, son premier rendez-vous amoureux évidemment pas à la hauteur de ses espérances, etc. Et pour couronner le tout, Sophie Marceau -dont on subit depuis longtemps les emportements soi-disant romantiques-, a choisi une réalisation tout en mouvements de caméra avec -rien n’est trop beau- le recours à la spectaculaire steady cam. Mais les acrobaties de la caméra ne parviennent toutefois pas à masquer la platitude de ce journal intime à peine déguisé censé faire appel à l’émotion, la vraie…