Palace, l’humour en dernière classe ! On était en droit d’attendre beaucoup mieux du passage au cinéma de Tricicle, groupe comique catalan à la gloire internationale. Retrouver par exemple un peu de l’inventivité visuelle qui avait fait son succès. Mais hélas, rien de tout cela. Palace se situe encore bien au-dessous du niveau zéro. L’histoire, « chichement » conçue en fonction de ses gags potentiels, n’est en rien originale, et reprend à son compte les recettes éculées du théâtre de boulevard : un grand décor, l’hôtel Palace, des personnages qui se déguisent (les membres de Tricicle jouent plusieurs rôles) et s’entrecroisent dans ce même espace en une succession de quiproquos « gaguesques ».

Contre toute attente, ce qui déçoit le plus dans ce film, imaginé par des comiques, c’est son humour. Bien gras, bien vulgaire, bien cochon, il est à mille lieues du burlesque poétique que Tricicle aurait pu inventer. L’absence de dialogues, au lieu de créer des situations comiques originales, se fait cruellement sentir. Les personnages ont l’air de mourir d’envie de parler, mais s’escriment à exprimer leurs émotions par des mimiques, des grimaces, des gestes, souvent très pénibles. Pour Tricicle, l’efficacité des gags semble plus tenir de leur rapidité d’exécution que de leur fantaisie. Dans cette histoire de rénovation d’un palace, clichés, humour beauf, et péripéties vaudevillesques vont s’enchaîner à un rythme effrayant pour le malheureux spectateur. Du couple illégitime poursuivi par le mari en habit de chasseur à la bonne qui est « bonne », ou à l’émir qui casse les vases quand il rote, la galerie de personnages est souvent du plus mauvais goût. Même Jean Rochefort devient ridicule, grimé en Faust, et s’acharnant, à force de simagrées, à jouer les méchants de service. Mais le clou de ce navrant spectacle réside indéniablement dans sa fin en course poursuite façon Benny Hill, quand tous les clients de l’hôtel se pourchassent ; le mari pour récupérer sa femme, l’émir sa bague en diamant, et les autres, on ne sait pas trop pourquoi…

Non, vraiment rien n’est à sauver dans Palace, et la sortie récente de Torrente, autre grand chef-d’œuvre du mauvais goût, nous inquiète finalement beaucoup sur l’état de nos voisins transpyrénéens. Gras, comme les burritos ?