Conjointement à la parution DVD & Blu-ray du film inaugural, le 10e long métrage de la saga One piece fait l’objet d’une exploitation en salles. Précisons que Kazé, détenteur des droits de la totalité des films, les éditera en vidéo à raison d’un par trimestre, la sortie du 9e étant déjà fixée au printemps 2014. Fichtre. Rappelons en outre que l’univers créé par Eiichirô Oda pointe à la première place des ventes manga dans le monde, avec quelque 220 millions d’exemplaires vendus des 60 volumes, alors que la série animée, forte de 500 épisodes, se positionne systématiquement dans le Top 10 des audiences jeunesse – autant de chiffres qui donnent un peu le tournis.

Le film qui se présente aujourd’hui au public français fut sélectionné en compétition officielle au Festival d’Annecy 2010, après avoir réuni 3,6 millions de spectateurs en un mois au Japon, en 2009. Célébrant en grandes pompes les dix ans du lancement de la version animée, One piece – Strong world offre un spectacle qui est loin d’être déshonorant, mais bien trop exigeant pour qui ne connaît pas l’univers loufoque de Luffy, le pirate au chapeau de paille, et les personnages satellites. Sur des îles géantes en suspension (qui a dit Le Château dans le ciel ?), la bande de pirates entraînée par Luffy se trouve aujourd’hui piégée par un adversaire légendaire, qui les abandonne prestement à des créatures sanguinaires aux proportions dantesques, après leur avoir fait miroiter monts et merveilles. Outre leur survie immédiate, les lascars doivent surtout sauver leur navigatrice kidnappée et manipulée.

Après une course-poursuite tumultueuse en guise de prologue qui donne le ton, le récit s’embourbe progressivement dans des rebondissements sans surprises et une fâcheuse tendance à piétiner. A quelques scènes près, la réalisation est pourtant soignée, avec une alternance de séquences hystériques qui privilégient l’humour saugrenu (du style : un clown dont une chaussure fait office de coussin péteur à chaque pas), et de moments d’exploration à la limite du contemplatif. Soutenu en outre par un doublage enlevé, le film a donc en théorie toutes les qualités pour plaire au plus grand nombre. Pas certain, en revanche, que les néophytes y trouveront un quelconque intérêt.