Extraterrestre exilé aux States, John Smith est finalement repéré par les assassins de son père – le quatrième sur leur liste d’ennemis à abattre. D’habitude, en cas d’alerte, le mollet du jeune E.T. clignote, alors il plie bagage et s’installe au fin fond d’un autre Etat. Mais là, mauvais timing : au faîte de sa puberté, John kiffe une meuf super canon qu’il ne peut pas abandonner, dut-il y laisser la vie. Premier indice permettant de jauger Numéro quatre : son réalisateur DJ Caruso, l’un des rares faiseurs à l’ancienne à avoir éclot dans les années 2000, vaguement spécialisé dans la fiction jeunesse (Paranoiak, sorte de Fenêtre sur cour version Bibliothèque verte, avec Shia Labeouf). Deuxième indice, son corpus de scénaristes, tous issus de la télé – Alfred Gough et Miles Milar (Smallville) et Marti Noxon (Mad men, Buffy) – qui confère à l’ensemble l’allure d’un gros épisode pilote. Le scénario installe sa mythologie comme on emménage dans un appartement (trois quarts d’exposition, un quart d’action), mythologie se voulant une synthèse de tout ce qui marche : un peu de Smallville (donc de Superman) pour le postulat, de Spider-man pour les enjeux (le domptage des superpouvoirs en écho à la découverte du corps adolescent), de Seigneur des anneaux pour dessiner la tronche des méchants.

Vu son attelage, le film peine évidemment à sortir du cadre. Mais ce n’est pas ce qu’on lui demande, et il s’acquitte de l’essentiel proprement, porté par la solidité de ses références – sauf le casting, acteur principal en tête, qu’on croirait chimiquement constitué à partir de sondages marketing. Il y a même quelques bons moments, réglés par une mise en scène limitée mais toujours enthousiaste : l’ouverture dans la jungle, traque d’un cousin de numéro quatre (numéro trois) par les affreux aliens, les warning épidermiques de Numéro quatre, mélange de comédons et de scarifications douloureuses, la présence d’un animal suspect qui s’accroche aux basques du héros et change de corps, entre espion maléfique et ange gardien. Surtout, Numero quatre a de l’humour, flirtant avec la parodie, moins par amour de la gaudriole que par lucidité pure : c’est là son élégance discrète (signalée par un cliché, une image de trop : le petit chien qui réapparaît au final, esquinté mais fidèle, après une bataille homérique qui aurait dû l’achever), sa nature d’objet pavlovien et markété. Insuffisant, bien sûr, pour aspirer à l’immortalité, mais quand même, le film, par son obsession à coller à l’air du temps, eut se voir comme un documentaire sur les préoccupations de l’époque (disons son public présumé) dont il pointe le cauchemar existentiel ultime : renoncer à se mettre en scène sur Internet, mal nécessaire pour le héros afin d’échapper à ses ennemis, perçu ici comme un ultime déchirement.