Une bande de bras-cassé foire un coup pour le compte d’un méchant caïd. La police s’en mêle malgré elle. Voilà l’hallucinant postulat de cette énième pochade régressive. Entre les saillies balbutiantes de la clique de Canal, les délires de BDE de Sup de Co de Michael Youn et les grosses machineries Weber-Poiré, une certaine comédie française se replonge avec nostalgie dans la narnarderie des années 70/80. Après L’Incruste, hommage rigoriste du Leconte première période, Bob Swaim, faiseur bizarre revenu d’on ne sait où, rappelle à Auteuil son passé de sous-doué en lui adjoignant ses héritiers de la première heure.

Le cinéaste s’amuse comme un petit fou en lâchant les rênes. Direction la méchanceté vivace, la bêtise galopante, les trognes, la ringardise brute de pomme, jouissivement assumée, traquée dans le moindre détail. Des petits cons en Fiat Panda qui tombent dans un ravin dans un plan ahurissant de grotesque, aux bessonneries anti-flics, des cagoles du sud aux mobylettes, Swaim se moque de tout. Objectif partiellement atteint : trop droit dans ses bottes, le film se laisse souvent prendre à sa propre ironie. La moindre empathie ou complaisance se change automatiquement en poids mort. Pire, le film quitte parfois le nanar sympa pour le comique industriel français, lourd, arrogant et bourré de fric. On pense au prix insensé des cascades, au cachet de certains acteurs (Auteuil, Diefenthal ou Deutsch), à la nullité pas voulue des scènes d’action, au moindre changement de ton, tout ce pognon dilapidé pour se marrer comme tant d’autres des mêmes couillonnades.

Swaim n’est au fond pas encore assez rigide, ni assez fou. Il pèche surtout par une suffisance facile, qui consiste à ne s’en remettre qu’à son impayable décorum. Pas étonnant que Diefenthal, acteur mou par excellence, ait été choisi comme chef de bande. A l’image du cinéaste, il assiste en observateur primaire aux performances morcelées des uns et des autres. D’où un effet dents de scie rageant, qui émousse la sécheresse du coup sous la ceinture. Plus tenu dans sa méchanceté et sa bêtise, Nos Amis les Flics aurait joyeusement fait date au lieu de s’assumer facilement en vulgaire flash-back.