Tombée dans les oubliettes après avoir été annoncé plusieurs fois et finalement distribuée en catimini en pleine période estivale, cette Nadia (longtemps nommée « Birthday girl ») ne doit son salut et sa visibilité qu’à son interprète principale, Nicole Kidman. L’aura de la comédienne australienne semble aujourd’hui à son zénith. Alternant vrais (Eyes wide shut) et faux grands films d’auteurs (Dogville), côtoyant aussi bien des auteurs de seconde zone (Stephen Daldry pour The Hours), des inconnus sans envergure (pour le film qui nous intéresse), que des fabricants d’icônes fashion (Baz Luhrman pour Moulin Rouge), elle apparaît comme une star à l’ancienne, acclamée tant pour son glamour que pour sa légitimité professionnelle, capable à elle seule de sceller le sort d’un film. On serait tenté de dire qu’elle se pose comme la seule véritable rivale potentielle de Julia Roberts si une cécité de groupie ne transformait pas la moindre esquisse de comparaison avec J.R. en un sacrilège (alors que Kidman, de fait, a supplanté médiatiquement Roberts). On peut toutefois s’étonner que Nadia ait eu tant de mal à sortir étant donné son casting hétéroclite. En cela, c’est vraiment un curieux film : voir une méga star hollywoodienne donner la réplique -en russe- à Vincent Cassel et Mathieu Kassovitz dans la rase campagne autour de Londres relève d’une petite chimie inoffensive et sans lendemain, une sorte de flop de laboratoire.

L’histoire -un brave employé de banque achète une épouse russe via internet et se retrouve avec des Russes arnaqueurs, braillards et kitsch sur les bras- ne parvient jamais à être boostée par son casting ronflant, le rythme apathique et flapi du cocktail comédie / film noir faisant capoter à l’avance toute l’énergie susceptible de secouer un peu l’ensemble. Kidman, en attendrissante salope mollement fatale et pas du tout magnétique, seulement consciencieuse, ne semble même pas égarée, à peine dérangée par la seule interrogation qui anime le film : que faire d’une star pareille dans une petite oeuvrette sans importance ? La filmer comme telle, sans doute, ce que précisément le réalisateur ne fait pas, et qui donne à Nadia cette allure d’ouvrage sur lequel une star est condamnée à écailler ses doigts de fée.