Mr Accident ou l’histoire de Roger Crumpkin, spécialiste des catastrophes en chaîne. Mais les seuls et véritables ravages que Yahoo Serious (auteur, producteur, scénariste et acteur) ne cesse de produire sont d’ordre cinématographique. L’erreur majeure de ce troisième film provient sûrement de l’auto-recyclage du cinéaste, qui réactualise dans Mr Accident le canevas déjanté d’Einstein Junior, son premier film, qui paradait déjà autour d’un Géo Trouvetou de pacotille, découvrant la théorie de la relativité pour les beaux yeux d’une Marie Curie locale. Toutes les limites de ce bricolage maison tiennent, chez ce Yahoo, qui se prend en fait pour plus serious qu’il n’est, dans le concept de recyclage : l’ouvrier Roger incarne ici autant un loser du recyclage à l’usine qu’un loser du gag, tous déjà éculés et recyclés ailleurs.

Avec son allure d’Einstein aux dreadlocks rouges et son comique en accéléré, le film prête parfois à sourire, mais l’effet boule de neige des situations désastreuses est de courte durée. Le héros est cloisonné, telle une bête en cage, dans une spirale de chutes réglées au gag près : son corps lancé en pilotage automatique ne génère en fait que sa propre frénésie. Un dérèglement sans raison apparente qu’il fait subir ensuite aux objets électriques, collectionnés et empilés dans le seul but de les démonter sauvagement. Courageux, Yahoo Serious s’est nourri du comique d’Harold Lloyd, dont la trame est la lutte de l’homme contre la vitesse du monde moderne. Mais ce corps accro aux oeufs, décervelé et masochiste, n’émeut jamais, tant semble vaine sa lutte contre les mécanismes d’une société de consommation malade, elle-même dopée par ses propres ravages. Entre vacuité et hystérie vulgaires, le comique dégénéré casse sa boîte à vitesses et brise son hochet. Détraqué, maltraité et brutalisé, Mr Accident ne fait que se confronter à sa banale laideur.