Mortelle St-Valentin ou l’art de recycler sans génie la recette phare du film d’horreur moderne (inaugurée par Mario Bava avec Six femmes pour l’assassin) : un tueur maniaque + une poignée de bimbos. Tout commence comme dans un vieux slasher movie des années 80 -les gros moyens en plus. Lors d’un bal estudiantin donné à l’occasion de la fête des amoureux, un ado ingrat se fait refouler par les filles qu’il invite à danser avant de recevoir un seau de sang sur la tronche (cf. Carrie, film séminal s’il en est). Traumatisé à vie par cette humiliation, le jeune homme est bien parti pour accomplir, dix ans plus tard, une sanglante vengeance. La suite ne sera guère plus originale. Nos garces pré-pubères sont devenues des petites bourgeoises bitchy destinées à l’abattoir. Cinq nanas et autant de clichés : la bonne élève (zigouillée la première pour qu’on puisse se concentrer sur les vraies débiles à forte poitrine), la rigolote, la grosse, la salope (alias Denise Richards, très mal utilisée) et, enfin, la gentille. Autour de ce gynécée bientôt réduit à l’état de tripes rôde le mystérieux Adam, dont l’unique intérêt (et encore) est d’être interprété par David Boreanaz, sorte de David Douillet US (même stature, même regard crétin) et ex-bellâtre de Buffy contre les vampires. Devinez qui va survivre…

S’il sait à quoi s’attendre lorsqu’il se précipite sur ce genre d’objet, le spectateur espère au moins une certaine dose d’humour noir et des atrocités inventives. Peine perdue, le film de Jamie Blanks (déjà auteur du médiocre Urban legend) aligne des séquences au parfum de déjà-vu, dépourvues de second degré et, surtout, d’excès gore. Davantage suggérés que montrés, les meurtres se succèdent avec une mollesse désolante et dans l’indifférence générale. Seule idée à l’actif de ce navet trop carré et ennuyeux pour prétendre au statut de nanar hilarant : une poursuite dans une installation d’art contemporain, où l’angoisse de la victime se noie dans les multiples écrans vidéo, successions de poses nunuches et de bouches amoureuses évoquant le cauchemar hypocrite de la St-Valentin. Et, en l’occurrence, le nôtre devant ce produit exaspérant à force de banalité.