De Richard Berry cinéaste, on avait moyennement aimé L’Art (délicat) de la séduction, malgré tout un premier film sympathique dans le genre si franchouillard de la pochade rose bonbon. La vulgarité du propos y tenait lieu de formidable tremplin aux gags les plus éculés, mais la sincérité et l’allant de Berry, aidés par une remarquable direction d’acteurs (probablement le meilleur rôle de Patrick Timsit au cinéma), suffisaient à donner à ce côté beauf une impeccable « qualité française ». Avec Moi César…, le cinéaste parvient à trouver un terrain peut-être plus encore à la mesure de son relatif talent : celui d’un âge où tout est excusable, éphémère et livré à la toute-puissance de l’instant présent.

C’est ce qui explique l’indulgence provoquée par un tel film. Quelques scènes invraisemblables (un rêve pétomane qui revisite les pubs Crunch), un niveau moyen dans la norme de son titre (10 ans d’âge mental) et pourtant une légèreté et une fluidité qui attisent immédiatement la sympathie du spectateur. Loin des films sur l’enfance de Comencini, loin des petits contes de fées que l’Iran a pris l’habitude d’exporter, loin encore de ce qui se fait actuellement à Hollywood autour de l’enfance (A.I., Shyamalan), Berry se contente de suivre une bête histoire d’amourettes de collège envenimée par quelques imparables clichés (recherche du père, conflits familiaux). Oui mais voilà : il y a là une telle nonchalance à tout filmer à hauteur d’enfant que l’ensemble finit par prendre comme par enchantement. Des scènes les plus difficiles (les retrouvailles avec le père), Berry se tire avec une élégante désinvolture qui l’empêche toujours de sombrer là où on l’attend le plus. Ce n’est pas le moindre des mérite du film, tout comme cette façon de faire de la puérilité de certains gags un véritable attentat contre tout esprit de sérieux. Rien d’extraordinaire, donc, mais la certitude que Berry, s’il persiste dans le divertissement bête et pas trop méchant, pourrait devenir un cinéaste intéressant.