La touche « grosse bourrinade » qui est la marque du cinéma d’horreur de ces dernières années trouve avec cette sixième mouture de Massacre à la tronçonneuse un point d’achoppement en forme de terminus. Again : retour aux sources du survival, bon vieux shocker à l’ancienne, etc. Ce genre de fanfaronnade semble avoir fait long feu, et si nombre de films ont récemment fait d’un premier degré primaire l’emblème d’une foi retrouvée dans le genre, celui-ci dévoile toute les limites du procédé. Limites de l’idée, pourtant sympathique, de réaliser un prequel au film de Tobe Hooper tout d’abord : de fait, mis à part une scène d’accouchement 100% pur porc, un générique où apparaissent les ordonnances du dermato du petit Leatherface (le moutard a visiblement de gros problème de peau) et deux ou trois idées assez lamentables (dégoûté d’être licencié de l’abattoir, Leatherface devient une machine à tuer), le reste n’est qu’un remake cramoisi du dernier en date de Marcus Nispel.

Limites, surtout, de la mise à l’épreuve du spectateur qui est devenue, de L’Armée des morts en Colline a des yeux, une norme comme une autre. C’était pourtant la belle surprise du film de Nispel, véritable matrice en la matière : un sadisme, une méchanceté, un souci d’oppression et un refus de tout relâchement parfaitement en phase avec l’esprit de l’original. Surtout, un sens de la vision qui s’engouffrait parfois dans les ténèbres du mythe -l’interminable et somptueuse poursuite dans des bois, le refuge dans l’abattoir- pour faire revenir la part de conte envoûtant et grotesque du film de Hooper. Beaucoup plus bâtard, ce Commencement tente bien d’en rajouter une couche, mais manque toutes ses cibles : effets gore distribués à la louche, mise en scène illisible, grossièreté de tous les rebondissements. Se rêvant en bolide racé, le film est piloté par un gros camionneur vulgaire et gras du bide.

Le fond du trou est atteint lors de la traditionnelle séquence du repas en famille, que Nispel avait humblement mise en sourdine. Fier comme un petit pape, Liebesman essaie quant à lui de l’étirer au maximum et d’en faire le clou du spectacle. Résultat : une succession de scènes pathétiques -le vieux papy se fait tronçonner les deux jambes sans la moindre explication pour justifier son futur statut de paralytique entamé du bulbe- qui achèvent de faire éclater le film comme une vielle bulle de Malabar. Même le peu de visions s’enroulant autour de la figure pourtant si puissante de Leatherface (le gros boucher d’apocalypse marchant le long d’une route d’un pas lourd) s’effacent devant ce fatras de fumisme et de roublardise.