Douzième film du très prolifique Gillies Mackinnon, réalisateur entre autre de Small faces en 1995 et de A close shave en 1988, Marrakech express est loin d’être l’œuvre de la consécration pour son auteur. Dans cette adaptation du célèbre roman anglais Hideous kinky d’Esther Freud, l’histoire racontée est celle d’une jeune mère qui part avec ses deux filles pour un voyage spirituel à Marrakech, mais aussi pour fuir un mariage raté et une morne vie londonienne. Le but officiel de ce voyage est donc la quête de la spiritualité, et l’on suit Julia dans sa volonté de devenir un soufi et par là même d’intégrer la doctrine du soufisme, doctrine qui prône un anéantissement de l’ego, au profit d’une paix intérieure et d’une absence de douleur. Le thème du film réside donc dans le choix de cette jeune femme qui veut se mettre à l’écart du monde pour mieux le fuir. Se pose alors la problématique du renoncement : sagesse ou lâcheté ? Dans le cas de Julia, il semble que sa quête spirituelle soit plutôt une fuite en avant pour s’éloigner de son mari qu’elle aime encore, mais qui la fait souffrir. Ce n’est qu’à la fin du film, et après moultes péripéties, qu’elle en prendra conscience. Si ce portrait de femme que nous propose Mackinnon (on retrouve avec plaisir l’actrice Kate « Titanic » Winslet dont il faut saluer la suite de carrière, loin des sirènes d’Hollywood) est alléchant, il n’en est pas moins décevant au regard des maladresses accumulées par le film. Il y a d’abord une hésitation sur le regard porté sur le Maroc, avec tantôt le regard d’un étranger, correspondant à celui de l’héroïne, et tantôt un regard qui se veut intrinsèque au pays. Entre fascination et distance, le film ne tire parti des mystères des rues de la Medina et du chatoiement des couleurs marocaines que pour nous offrir de belles images de cartes postales. A cette maladresse du regard s’ajoute la maladresse de la réalisation. Celle-ci se veut hyper dynamique (ce qui contraste avec le thème plutôt zen du film) accumulant les « accidents » scénaristiques sans queue ni tête. A aucun moment Mackinnon n’accorde à ses plans la durée adéquate, préférant des durées plutôt courtes pour dynamiser artificiellement son film comme s’il avait peur d’ennuyer. Même la présence de l’illustre Pierre Clémenti n’est pas suffisante pour vous décider à voir le film, tant son rôle est court et insipide.