A première vue, un film sur le plus qu’admirable peintre Francis Bacon peut inquiéter beaucoup d’amateurs… Il est vrai qu’un réalisateur portant à l’écran la vie -ne serait ce même qu’une parcelle- d’un personnage aussi charismatique, s’attaque à un travail gigantesque et relativement risqué. En voyant le résultat, on constate que cette appréhension est bien justifiée… Qu’y a-t-il à sauver dans Love is the devil ? L’acteur principal, sosie presque parfait de Bacon (est-ce que l’actrice principale de la biographie de Lady Di relève pour autant la qualité du téléfilm ?), quelques répliques caustiques reflétant assez bien le caractère du peintre, un portrait vaguement représentatif du Soho des années 60 et une micro référence à William Burroughs (vers la fin du film, un drogué en manque passe un coup de fil au docteur Benway -personnage du livre Le festin nu, réputé pour souvent fournir les junkies en manque…). Ces maigres détails mis de coté, il ne reste plus grand chose, si ce n’est un film inutilement intimiste nous faisant pénétrer dans la vie en couple de Francis Bacon afin de connaître plusieurs détails croustillants -de sa boisson favorite jusqu’à la description exacte de sa position préférée pour pratiquer le fist-fucking… Qui plus est, ce flot d’inutilités nous est décrit avec un style franchement nauséeux. John Maybury n’ayant pas eu l’autorisation de filmer les tableaux du peintre, il s’est amusé à recréer visuellement les atmosphères des toiles de Bacon… Cette idée d’un goût douteux nous permet donc d’être hypnotisés par des plans assez proches de Evil Dead, insérés en flashs éblouissants et provoquant un sur-découpage digne d’un Oliver Stone sous LSD… Il n’est pas suffisant de raconter des anecdotes pour faire une biographie -tout comme il est inutile de citer Burroughs uniquement pour montrer qu’on le connaît. Evidemment, ça fait très « tendance »…