Le premier long-métrage de cet autodidacte qu’est Siegfried nous emmène dans le sillage de Louise, jeune parisienne désœuvrée qui erre en compagnie de ses « lascars » dans les couloirs de métro, de grands magasins… en pratiquant des petits délits tels que le vol à la tire, le racket… Mais sa vie change le jour où elle fait la connaissance de Gaby, enfant débrouillard, et de Rémy, jeune vagabond à intense pouvoir de séduction…
Avec une forte stylisation de l’image, le réalisateur affirme un impressionnant potentiel visuel. En effet, jamais gratuite, la mise en scène de Siegfried, proche par certains aspects de celle de Wong Kar Wai, suit les pas, et se met ainsi totalement au service de ses personnages. Des personnages fouillés et cohérents, découpés au scalpel par une caméra mobile et alerte (le plus souvent « portée à l’épaule » ), et dont les acteurs font une interprétation magistrale, avec notamment Elodie Bouchez qui démontre qu’un prix de meilleure actrice à Cannes ne s’obtient pas par hasard, et Roschdy Zem, très à l’aise dans le rôle d’un dandy SDF. Néanmoins, après une première partie où tous ses différents protagonistes sont présent s avec soin selon un scénario très bien ficelé, un essoufflement se fait ressentir. Essoufflement dû à de nombreuses longueurs ponctuées d’une musique (composée par Siegfried lui-même) qui, malgré l’envoûtement qu’elle procure, se répète bien trop et agace rapidement.
Reste le propos, soit une réflexion sociale sur la jeunesse et les questions qu’elle se pose. Un propos lourd tant les réponses apportées semblent ici « anarchistes ». Il en découle donc un film politique, au sujet glauque, mais dont la fraîcheur est toutefois omniprésente.