Mélange de fiction tournée en 35mm et de vrai-faux documentaire vidéo, Let’s talk about sex met en scène trois jeunes filles dans le vent qui réalisent, camescope au poing, un pilote d’émission télé. Ce show, qui consiste à donner la parole aux femmes à propos de leurs expériences sexuelles, est une succession de plans non travaillés et invariablement fixes. L’étonnante pauvreté à la fois visuelle et technique de ces derniers nous est, en fait, donnée comme prétexte pour mettre au premier plan tous ces commentaires sulfureux, qui constitueront, pour quelques-uns, le seul intérêt du film… Bien sûr, au-delà de cet appât commercial qu’est la bonne vieille tranche de fesse exhibée à l’écran, Let’s talk… tente de nous raconter une histoire : celle de ces trois jolies protagonistes. Hélas, cette tentative se révèle vaine, face à l’ampleur que prend petit à petit le « vidéo-gag du cul » (ni drôle, ni choquant) qui nous est maladroitement présenté ici.

En suivant très simplement le concept du « film dans le film », la réalisatrice assure une séparation entre fiction et documentaire par de très fréquents allers et retours entre les formats visuels, et met ainsi sur pied toute la construction du long métrage. Sans établir de liens suffisamment solides entre l’histoire (racontée en 35mm) et les interviews (montrées en vidéo), Troy Beyer en arrive malgré elle à mettre ces deux types d’images en conflit. En définitive, sa narration intimiste se retrouve étouffée par toute une série de sketches trop présents et trop répétitifs -de l’art de tailler une pipe, au combat de seins sur-siliconés…

Montrer brutalement, et sans souci d’explication, de telles images au sein d’une fiction aurait pu donner un résultat intéressant, mais la réalisatrice est tombée dans la facilité en abusant (vraiment) de ce procédé. Images vulgaires et cadres foireux interviennent trop fréquemment, sans pour autant avoir de rôle à jouer. Sauf peut-être celui d’être affichés tels quels, juste histoire d’être montrés… Assez vite, la non-progression du film devient usante, la stupidité des personnages énerve, et le sexe étalé bêtement sur fond de musique branchée n’arrive plus à nous communiquer grand chose.