Suite d’une franchise qui voit loin, Les Rivières pourpres 2 achèvent de détruire tout ce que le premier épisode de Kassovitz avait ébauché : rêve d’une fusion vieille France / Hollywood, ésotérisme glauque à la Seven, humour gendarmerie nationale digne d’un mauvais film des Charlots. S’il était encore possible de croire en un cinéma d’action à la française, le film d’Olivier Dahan (ou devrait-on dire de Luc Besson, scénariste et dialoguiste) vient en ruiner tous les espoirs. Méga-budget englouti en quelques cachets, réalisation débilisante, intrigue pathétique, ridicule de tous les instants : voici sans aucun doute la plus affreuse carcasse de film de l’année.

Une secte doministe décimée par un commando de moines yamakasi, de vieux relents de seconde Guerre Mondiale, un faux Jésus new-age tentent de s’imbriquer en un affreux patchwork. C’est le côté Besson du film, un cynisme qui atteint des profondeurs insoupçonnées. A l’inverse, la naïveté de la réalisation de Dahan, qui trouve une certaine efficacité dans des scènes complètement inutiles (la bagarre du début) et s’écrase aux moments les plus importants (toute la fin) relève de la plus grande immaturité. Cet étrange mélange de roublardise et de bêtise transforme le film en un objet très peu lisible, dont les enjeux échappent à toute logique artistique : entre série Z terminale (pour l’aspect Cordier, juge et flic de la structure) et blockbuster détraqué (apparitions ridicules de Johnny ou Christopher Lee), jamais l’ensemble ne parvient à trancher.

Seule certitude : la putasserie qui mobilise n’importe quelle scène, dans sa volonté de toucher le plus large public possible -du petit djeunz aux beaufs les plus endurcis- relève d’un jouissif n’importe quoi où l’épate se mêle à l’ignominie la plus totale. Délétère, incroyablement bête et méchant, un tel film demeure le parfait opposé du récent Blueberry : là où le film de Kounen se coupe de tout public en un élan au fond très naïf, celui de Dahan / Besson ne cherche que racolage et écumage de fonds de poubelles. Dans l’un comme l’autre se lisent le manque de repères du blockbuster made in France. Pour autant, on préférerait voir triompher le premier, vrai geste de cinéma, au second, grosse bouse mercantile. Les paris sont ouverts.