Après une entrée en matière plutôt concluante, comportant quelques défauts pouvant aussi être vus comme des hésitations séduisantes de premier film, le réalisateur des Démons de Jésus nous apporte sa seconde fournée. Sans trop s’attarder sur la comparaison, force est de constater que contrairement au premier, Les Grandes bouches est un film de réalisateur se prenant au sérieux. Film d’auteur par-ci, film à morale par-là, références inutiles à foison… Le tout porté par vannes et dialogues calqués minutieusement sur Les Démons… Il est vrai que le jargon du Bonvoisin est un pur plaisir à entendre et que c’est en partie une des raisons de la réussite de son premier film, mais pourquoi reprendre les meilleurs ingrédients afin de les recycler hors contexte ?
Bernie Bonvoisin en va même jusqu’à se prendre à son propre jeu en axant ses personnages uniquement autour des dialogues. Rien de plus que de l’exercice de style, le réalisateur nous balance sa multitude de personnages totalement différents juste histoire de leur faire sortir trois quatre répliques à chacun lors de passages éclairs. Le personnage génialement interprété par Patrick Bouchitey est un exemple représentatif : une prestation parfaite pour un rôle de cinq minutes n’ayant strictement rien à foutre dans le film -mais qui apparaît tout de même via une plate excuse de scénario… Les apparitions d’Elie Sémoun, José Garcia et autres sont à peu près du même ordre (sans pour autant égaler le talent de Bouchitey). Les personnages défilent, les sketches s’enchaînent et tentent difficilement de laisser paraître une histoire qui au final se trouve être complètement décousue (le comique laissant soudainement place à une insignifiante intrigue policière). Enfin… Les gags sont drôles et bien scatos (les goûts et les couleurs…), ce qui permet au moins de passer le temps et d’oublier quelque peu l’énervement que l’on peut éprouver face à un show télévisé comique couché sur du 35mm.