Sixième film de Jean Becker, à qui l’on doit notamment L’Eté meurtrier (1983) et Elisa (1995), Les Enfants du marais conte l’histoire simple de Garris et de Riton, deux amis vivant au bord d’un étang marécageux. L’un a trois enfants d’un second mariage et l’autre, solitaire mais généreux, aide son camarade trop immature pour supporter sa propre vie. A ce duo éclectique s’ajoute une pléiade de personnages, notamment Amédée, un rêveur passionné de lecture, et Pépé, un ancien du marais…

Sur un mode naturaliste et des tons impressionnistes, le cinéaste nous propose ici une sorte de chronique en nous faisant partager différentes tranches de vie. Il en découle un long métrage d’une grande fraîcheur, mélangeant humour, émotion, ainsi qu’une pointe de nostalgie vis-à-vis de ces gens simples, remarquablement interprétés par des acteurs talentueux : Jacques Gamblin est ici remarquable de subtilité ; Jacques Villeret, toujours fidèle à sa qualité d’acteur ; André Dussolier, très attachant dans un rôle de « garçon des villes découvrant avec joie la nature » et enfin Michel Serrault, surprenant de sobriété et de sagesse.

Ainsi, il règne dans ce film inclassable (on est en effet loin de la frénésie quasi épileptique que nous offre le cinéma moderne) une sensation de plaisir et de bien être, sans pour autant tomber dans une naïveté assez facile pour un tel sujet. Les mauvaises langues prétendront certes que des longueurs sont présentes, mais comment ne pas prendre son temps devant des personnages aussi attachants.
C’est donc « stressé » qu’il faut aller voir ce film rafraîchissant afin de connaître le plaisir de ressortir apaisé à la fin de la séance.