Au moins une fois par semaine, sort un « naveton » français. Souvent, disons, neuf fois sur dix, c’est une comédie. Il faut s’y faire. Tiens, par exemple, Les Collègues. Il a les défauts et les qualités des Parasites, dont il reprend en négatif le titre, nous annonçant qu’il s’agira ici non pas d’hostilité, mais de fraternité entre les joueurs hétéroclites d’une équipe de foot. Nous voyons bien les défauts. Les qualités… néant. Les Collègues nous narre les exploits d’un petit club marseillais dans un tournoi municipal de foot, La Mondialette, organisé pendant la Coupe du Monde. Les 300.000 F attribués au vainqueur permettrait à l’équipe de sauver son terrain, menacé de finir en piscine si un méchant promoteur (ici, c’est un pléonasme) réussit à le racheter à la Ville. C’est le combat du petit village gaulois contre César. Même que le goal, avant chaque match, bénéficie de sa « potion magique » spéciale, sans laquelle il ne tient pas : 34 pastis.

Avec son sujet qui nous rappelle vaguement les comédies sociales anglaises de ces dernières années (Full Monthy et Les Virtuoses ), Les Collègues, « avé l’assan s’iouplait », manque complètement son but. A trop surfer sur la vague foot, à se faire prendre en flagrant délit de hors-jeu, et à dévisser plus que de raison, on oublie que filmer, ce n’est pas avec les pieds. En proposant comme capitaines d’équipe, balle au pied, Joël et Albert Cantona, frère et père d’Eric, plutôt que la grande gueule précitée, et comme tête d’affiche une bande de bras cassés sans un tout petit Jamel en locomotive pour drainer un public de banlieue, la fine équipe risque de se noyer sévère dans la division d’honneur du box-office. Au final, et après de multiples rebondissements sur terrain vaseux (tricheries minables de l’équipe enfin soudée et tentative de corruption par le promoteur), c’est le discours paternaliste de papa Borelli (« tous pour un », c’est à dire lui, l’entraîneur) qui l’emporte. Ce qui nous rappelle cruellement qu’une certaine finale gagnée au Stade de Saint-Denis n’aura peut-être servi qu’à laver l’honneur d’un homme, que la presse, par ses critiques continues, avait sali. Cette victoire, et c’est une chose qu’il ne faut pas oublier non plus, s’est terminée par le « je n’oublierais jamais ce qu’ils m’ont fait » d’un Jacquet revanchard, qui, tel tout bon démago-petit-père-des-peuples, savait à cet instant qu’il avait toute la France des supporters derrière lui. Mais on s’interroge… Pourquoi s’agacer ? Ce film en vaut-il la peine ? Non.