La dernière fois qu’on a vu Kevin Costner jouer une star de baseball, c’était, de triste mémoire dans Pour l’amour du jeu. Il n’est toujours pas crédible dans ce registre, mais ça n’a pas d’importance. Contrairement aux apparences, Les Bienfaits de la colère, n’est pas un énième film sur une crise masculine, mais féminine. Celle d’une petite-bourgeoise quinquagénaire forcée à se remettre en question, alors que son mari vient de la plaquer et que ses quatre filles sont prêtes à basculer dans l’âge adulte.

Pas de doutes, le film de Mike Binder se dessine rapidement comme une version d’American beauty où les filles portent la culotte. Joan Allen faisant mieux que Kevin Spacey dans un rôle miroir, sans doute parce qu’elle a plus de matière à jouer, en mère au bord de la crise de nerfs. D’une manière générale, Les Bienfaits de la colère est mieux écrit que le film de Sam Mendes, mais ne parvient pourtant pas à se hisser au-delà d’une structure très scolaire, Binder étant trop appliqué à suivre méticuleusement un classique parcours vers la rédemption comme on en voit des brouettes pleines chaque année au festival de Sundance. Les Bienfaits de la colère est trop contrôlé, assurant toujours ses arrières, là où il aurait dû justement laisser passer un peu plus d’éclats -comme cette poignée d’hilarantes scènes oniriques plus transgressives que le reste du récit- pour éviter de donner l’impression d’un film cuit et recuit dans un moule connu.

Pour autant il émane un certain charme du film de Mike Binder, procuré essentiellement par des comédiens qui s’évertuent à ne pas se contenter du minimum syndical de la mise en scène. Particulièrement Allen -décidément une des meilleures comédiennes américaines actuelles, exceptionnelle en femme faisant l’apprentissage de la compassion, palliant souvent aux grosses facilités du scénario. Hélas, pas assez pour empêcher Les Bienfaits de la colère de ressembler à son titre français : un peu sentencieux, assez maladroit. Mais surtout qui manque de réelle envergure, pour se laisser peu à peu déborder par le syndrome HBO en vogue aujourd’hui. Cette chronique dépressive d’une famille se rapproche plus, en effet, d’un épisode réchauffé de Six feet under ou de Desperate housewives que d’un film de cinéma.