On ne s’est pas fait que des amis, la dernière fois, en dénonçant le côté un peu bon filon de ces comédies système D dont le sympathique Full monty constitue la quintessence. N’empêche : voir, à quinze jours d’intervalle, deux films procédant du strictement même principe, financés par le même producteur (Uberto Pasolini), avec, pour seule notable différence que ces Amateurs-là sont ricains, vous appelez ça comment, vous ?A défaut, donc, d’être exceptionnellement original (en bref, comment trois braves gars dans la panade entrevoient dans le banditisme un moyen provisoire de subsister…), le script de ce premier long a plus d’un atout dans sa manche. Le premier, et pas le moindre, étant de s’inspirer (très librement) de trois nouvelles du grand Italo Calvino, dont le sens de l’absurde et du dérisoire imbibe tout le film -spécialement une scène gastronomique d’ouverture d’anthologie… Il y a là un léger parfum de comédie italienne à la Monicelli qui fait plaisir à respirer. A la différence près, bien sûr, que l’action se situe ici dans le New Jersey profond de 1997, et qu’après -pardon d’y revenir !- avoir sillonné en long, en large et en travers les faubourgs délabrés des cités industrielles britanniques, on se trouve tout baba de voir le ciné indépendant américain s’aventurer sur ce terrain social un peu moins balisé qu’outre-Manche… Tout est justement vu et dit, sensible et humain. Enfin, Alan Taylor n’a pas eu la moins bonne idée en distribuant ces Amateurs à des comédiens vus le plus souvent dans le rôle des énervés de service. Tierce gagnante, donc : William Forsythe (Rock), Adam Trese (Laws of gravity) et, surtout, Vincent Gallo (Nos funérailles, quelle gueule !) portent allègrement l’art de foirer un casse au rang d’art majeur…