Premier long métrage « docu-menteur » de Christian Philibert, cinéaste déjà responsable de La Minute d’Espigoule (1996), une série de programmes courts diffusés par Canal Plus, Les Quatre saisons d’Espigoule brouille les pistes du réel et de la fiction pour ne retenir qu’un seul objectif : le cocasse.
L’action se déroule dans un village provençal, Espigoule, tout au long d’une année. La caméra, intimiste, suit les aventures de quelques personnages typiques interprétés par des habitants du village : le poète, le patron de bar, le naïf, l’artiste idéaliste… Les moments phares de l’année -ouverture de la chasse, concours de civet de lièvre, réveillon, course de bouc- sont l’occasion pour chacun d’exacerber sa personnalité et de « se la jouer » dans ce théâtre quotidien qu’est la vie en Provence. Refusant de livrer totalement le secret de réalisation de son film, Christian Philibert affirme être arrivé sur les lieux sans scénario, mais avec l’ambition de suivre la vie de personnes qu’il connaissait très bien pour les avoir déjà filmées auparavant. Pour autant, le réalisateur ne se place pas dans une perspective non-interventionniste, poussant au contraire ses personnages dans certains contextes et allant jusqu’à reproduire certaines situations qu’il a pu observer dans le village.
Christian Philibert, qui se détache des caractéristiques codifiées du cinéma de fiction et du documentaire, trouve la forme la plus adéquate pour rendre compte de la vie flamboyante du village d’Espigoule. En choisissant de ne retenir, pour le montage, que des moments hilarants, il brise la continuité narrative habituelle pour s’approcher du ressort comique utilisé dans les comédies.

Le résultat est un film plein d’énergie, et qui fait rire de bon cœur tant la complicité entre le réalisateur et les personnages est évidente : la caméra ne se moque jamais d’eux mais réagit à leurs comportements dans un pays, la Provence, où amuser est la plus belle des réussites.