Premier dessin animé de l’écurie Dreamworks, Le Prince d’Egypte s’avère, d’un point de vue strictement technique, un film exemplaire, sans la moindre petite faille. 1h40 de contemplation jouissive pour le spectateur… Le risque pris en adaptant un extrait de l’Exode (Moïse sauvant son peuple des égyptiens) au format du long métrage a d’ailleurs relativement bien été surmonté pour laisser place à une narration captivante, ne défigurant pas les écrits de base. Sans être pompeux, comme pourrait le laisser supposer le traitement d’un tel sujet, Le Prince d’Egypte raconte le texte fondamental sur lequel se basent les religions monothéistes. Il met cependant en avant la relation ambiguë de Moïse et Ramsès, qui s’affrontent tout en se considérant comme frères. Le perpétuel combat entre le bon et le méchant nous est donc épargné… Le film vise d’ailleurs un public beaucoup plus large en évitant de raconter niaisement une histoire bourrée d’artifices hypnotisants (cf : une bonne partie des films Disney). Après l’excellent Fourmiz, Dreamworks parait vouloir démontrer que le cinéma d’animation peut aborder plusieurs thèmes et styles bien différents -contrairement à Disney qui s’acharne à refaire 36 fois le même film… Seulement le spectre du vieux Walt rode encore, et au bout de 60 ans de quasi-monopole du long métrage d’animation, tout semble montrer que c’est bien lui qui a établi les règles du jeu. Si bien qu’au final Le Prince d’Egypte ne se détache pas complètement du style Disney et hérite de ses quelques défauts… Le film se plie par exemple au rituel des séquences chantées obligatoires (d’une lourdeur ahurissante), à l’utilisation d’images de synthèses trop poussées donnant l’impression de se trouver face à des prises de vue réelles (quel intérêt pour un dessin animé ?), ou encore à l’insertion de gags moyennement drôles… Tel quel, Le Prince d’Egypte annonce cependant clairement les puissantes capacités de la nouvelle compagnie fondée par Katzenberg, Spielberg et Geffen.